ès de Caen le 23 juillet 2008 (Photo : Mychèle Daniau) |
[26/04/2010 06:01:32] PARIS (AFP) Après les producteurs de lait, les céréaliers montent à leur tour au créneau pour dénoncer la baisse de leurs revenus et manifester leur inquiétude sur l’avenir de la Politique agricole commune (PAC) dont ils sont les principaux bénéficiaires.
Quelque 5.000 agriculteurs, céréaliers en tête, avec le renfort de plus d’un millier de tracteurs, vont défiler mardi à Paris. La manifestation est organisée par les Fédérations régionales des syndicats d’exploitants agricoles (FRSEA) de quatorze régions avec le soutien de la FNSEA, premier syndicat agricole français.
Parmi les régions organisatrices, figurent les plus importantes zones de production comme l’Ile-de-France, le Nord-Pas-de-Calais, la Haute et Basse Normandie, Midi-Pyrénées, Champagne-Ardenne, Poitou-Charentes…
L’objectif des manifestants est d’obtenir des mesures à court terme pour soulager les trésoreries des exploitations, mais aussi de peser sur les pouvoirs publics pour qu’ils défendent à Bruxelles une PAC qui, jusqu’à présent, leur a été très favorable.
Les producteurs de “grandes cultures”, essentiellement des céréaliers ou encore des producteurs de colza et de tournesols, réclament des “mesures immédiates”, comme des aides à l’exportation, pour écouler une partie de leur production avant la prochaine récolte. Ils veulent aussi des aides au stockage. Autant de mesures qui vont diminuer avec les évolutions actuelles de la PAC.
ées à Paris (Photo : Fred Dufour) |
Les jeunes agriculteurs, qui ont contracté d’importants emprunts pour s’installer, sont les plus menacés. Ils ont été les plus offensifs, n’hésitant pas à brûler des bottes de paille il y a quelques mois sur les Champs Elysées ou à verser du purin devant le palais présidentiel.
“Nous sommes totalement exsangues financièrement”, affirme Christophe Hillairet, 39 ans, céréalier et président de la chambre d’agriculture d’Ile-de-France.
Selon lui, “si aucune mesure n’est prise “un tiers du secteur des grandes cultures aura disparu en 2011”. Son exploitation de 170 hectares est dans le rouge et c’est son “épouse qui (le) fait vivre”.
L’an dernier, la filière a vu ses revenus baisser de 51% dans le sillage des cours des céréales (-24%), après l’envolée de 2007 et 2008.
La baisse de la rémunération des céréaliers est similaire à celle des producteurs laitiers, qui ont manifesté régulièrement ces derniers mois, alors qu’en moyenne, le monde agricole a vu ses revenus diminuer de 34% en 2009.
L’an dernier, Michel Barnier, alors ministre de l’Agriculture, avait décidé, dans le cadre d’une PAC “plus juste”, de redistribuer à partir de 2010 une partie des aides aux producteurs de grandes cultures, à d’autres secteurs plus défavorisés.
éversent du lait le 1er avril 2010 à Nantes pour manifester contre le prix du lait (Photo : Franck Perry) |
“Cette redistribution des aides a été décidée lorsque les prix étaient hauts, sauf qu’aujourd’hui, les prix n’ont jamais été aussi bas depuis 20 ans et qu’on va nous enlever 100 euros de soutien à l’hectare”, martèle Damien Greffin, adhérent au syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA).
Récemment, le président Sarkozy a refusé de revenir sur cette décision, tout en promettant d’accélérer la mise en place d’un comité de suivi pour examiner les problèmes de la filière.
Ce comité doit remettre ses conclusions en décembre, un délai jugé trop lointain par les producteurs.
“Les céréaliers sont doublement inquiets. Ils craignent une baisse du budget total européen pour l’agriculture, mais aussi une baisse de la part qui leur sera octroyée”, explique Hervé Guyomard, directeur scientifique agriculture à l’Inra.
Sans compter le plan “Ecophyto” sanitaire du gouvernement qui prévoit une réduction drastique des pesticides, souligne-t-il.