épercutée sur le menu d’un restaurant de Caen, le 22 juillet 2009 (Photo : Mychele Daniau) |
[26/04/2010 05:55:27] PARIS (AFP) Le 28 avril 2009, solennellement, les restaurateurs promettaient baisses de prix, hausse des salaires et embauches, en échange d’une TVA à 5,5%: un an après, des promesses ont été tenues, d’autres oubliées, mais la mesure a sans doute permis au secteur de ne pas sombrer.
Contrepartie la plus visible, la baisse des prix n’a pas été à la hauteur des attentes du gouvernement ni des consommateurs.
Pour le client, le calcul était simple. En passant de 19,6% de TVA à 5,5%, l’addition devait baisser de près de 15% dès l’entrée en vigueur de la mesure, le 1er juillet.
Mais c’était oublier que les prix sont libres, qu’une partie du gain de TVA (11,8% du chiffre d’affaires hors taxe) devait aller aux salariés, aux embauches et aux investissements. Et que, pour compliquer le calcul, les alcools restent taxés à 19,6%.
Au final, l’engagement par les professionnels de diminuer d’au moins 11,8% les tarifs de sept produits ou plus de leur carte devait aboutir, selon le gouvernement, à une baisse des prix de 3%.
On en est loin: -1,17% entre juillet et mars, selon l’Insee. La moitié des établissements environ, surtout parmi les indépendants, refusant de revoir leurs tarifs.
Le gouvernement a d’ailleurs renoncé à obtenir cette baisse de prix et demande seulement que l’addition n’augmente pas plus vite que l’inflation.
à Paris (Photo : Pierre Verdy) |
Pour les salaires, promesse tenue, affirment les professionnels. L’accord signé par trois organisations patronales sur cinq fait leur “fierté”, souligne l’une d’entre elles, le Synhorcat.
Il prévoit des augmentations des salaires, depuis le 1er mars, une “prime TVA” et la mise en place d’une mutuelle.
Cependant, l’Umih, principal organisation patronale, et le GNC (chaînes hôtelières) ont refusé de le signer, estimant qu’il coûtait trop cher aux entreprises.
Pour les 20.000 créations d’emplois promises sur deux ans, il est encore “trop tôt” pour dresser un bilan, répètent les professionnels. Mais, ils soulignent que, si au 1er semestre 2009 (avant la TVA réduite), le secteur avait perdu 4.200 emplois, il en a créé 5.300 au second.
Il était aussi prévu 20.000 créations de postes de formation en alternance. Le nombre d’apprentis a augmenté de 6% à la dernière rentrée, mais les capacités des centres d’apprentissage restent encore limitées.
En outre, la TVA réduite a aussi “protégé de très nombreuses entreprises de la faillite”, souligne le Synhorcat. Les statistiques sur les défaillances montrent que ce secteur résiste mieux que l’ensemble de l’économie.
Au second semestre 2009, les défaillances ont augmenté de 8% tous secteurs confondus, et de 1,95% dans la restauration, soulignait récemment également Hervé Novelli, secrétaire d’Etat au Commerce.
Ecart similaire au 1er trimestre 2010. Si le nombre total de défaillances est stable (+0,1%), il baisse de près de 6% en restauration à table, selon l’assureur-crédit Coface.
“La TVA réduite a permis à un secteur qui souffrait beaucoup de retrouver un souffle”, renchérit Philippe Labbé, président du syndicat national de la restauration commerciale (SNRTC). “Si nous ne l’avions pas eu, cela aurait été catastrophique”, poursuit-il.
Pour M. Novelli, les chiffres sur les défaillances, l’emploi, les salaires et la baisse des prix “justifient une mesure lourde pour les finances publiques” (3 milliards d’euros, NDLR) et, par ailleurs, très critiquée.
Parmi les engagements visiblement abandonnés : le voeu formé par M. Novelli de faire du 28 avril “la journée de la restauration dans tous les restaurants de France, comme la fête de la musique”, le 21 juin. Plus personne n’en parle aujourd’hui.