és d’Airbus manifestent à Toulouse le 23 avril 2010 (Photo : Eric Cabanis) |
[28/04/2010 13:20:40] TOULOUSE (AFP) La grève des usines françaises Airbus perturbait la production mercredi pour un troisième jour, mais syndicats et direction, en conflit sur les salaires, se gardaient encore de franchir le seuil d’un durcissement aux conséquences industrielles plus lourdes.
Plutôt qu’une grève totale, les syndicats font une grève tournante de l’assemblage (lundi les A330, puis les A320, les A380, jusqu’au bureau d’études vendredi) pour des augmentations de salaires.
Airbus a relevé sa proposition d’augmentation de la masse salariale de +1,5% à +1,9%, estimant toujours que les 3,5% réclamés par l’intersyndicale “ne sont pas raisonnables”.
Le blocage du déchargement des avions cargos Beluga qui est au coeur du bras de fer. Les Beluga alimentent les chaînes de production puisqu’ils acheminent à Toulouse les tronçons d’avion pour l’assemblage des A320 et des long-courriers A330-A340.
Les cinq syndicats (FO-CFE/CGC-CGT-CFDT-CFTC), exceptionnellement unis, veulent contraindre la direction à “revenir à la table des négociations”, tandis que la direction des ressources humaines (DRH) menace d’une action judiciaire.
Les répercussions sur les livraisons, qui ont atteint un record de 498 unités en 2009, sont difficiles à apprécier à court terme car l’assemblage d’un appareil prend de un à deux mois.
és d’Airbus manifestent à Toulouse, le 23 avril 2010 (Photo : Eric Cabanis) |
En outre, Airbus n’est pas complètement paralysé par la grève française car aucun de ses 5 Beluga “n’a été pris en otage”, selon un responsable, et ils continuent leurs rotations entre les usines anglaises, espagnoles et allemandes. Sur une production totale de 42 avions par mois environ chez Airbus, 17 à 18 sortent des chaînes de Hambourg (les A318, 319 et A321).
Le blocage des Beluga ne concerne pas non plus l’A380, dont les tronçons énormes sont apportés par bateau près de Bordeaux, puis empruntent un itinéraire routier spécialement aménagé vers Toulouse.
Le prochain convoi est attendu dans dix à quinze jours. Si le conflit durait encore, il pourrait devenir un objectif des grévistes.
Du côté syndical, Jean-François Knepper, délégué Force Ouvrière, premier syndicat d’Airbus, comme Françoise Vallin (CGC) valorisent l’action des grévistes en déclarant que “le responsable d’une des chaînes A320 ne sait déjà plus quoi faire”.
De son côté, la direction dit avoir des “marges de sécurité”, mais parle de la fin de semaine comme d’une charnière.
Le DRH, Thierry Baril, a écrit au personnel qu’il avait fait constater le blocage par huissier et que la direction était désormais “dans l’obligation d’envisager des actions judiciaires”.
à Toulouse, en grève le 23 avril 2010. (Photo : Eric Cabanis) |
Mais c’est seulement “à l’échéance de la semaine” qu’une action en référé pour interdire le blocage pourrait intervenir, a-t-il dit sur France 3 sud.
Il a ajouté que la direction “laisse la porte ouverte” à une reprise des discussions sans vouloir préciser la “marge de négociation”.
Pour Françoise Vallin, “les menaces judiciaires font partie de la panoplie d’une direction, on ne va pas bouger d’un iota, le mouvement est très suivi, à 75% mercredi sur la chaîne A380”.
De source syndicale, on ne s’attend pas à une reprise des discussions avant la fin de la semaine, mais on prévoit de porter le fer dès jeudi contre les arguments financiers de la direction, lors d’une réunion du CCE.
“Nous allons exercer notre +droit d’alerte+ et demander une expertise de la situation”, déclare M. Knepper. Les syndicats contestent l’annonce d’1,4 milliard d’euros de perte d’exploitation pour Airbus en 2009, après inclusion d’une provision de 1,8 milliard de pertes de l’avion militaire A400M “alors qu’Airbus n’y est pour rien”.
Thierry Baril souligne en revanche que le groupe a décidé de “neutraliser” la perte sur l’A400 M, afin de pouvoir distribuer une prime d’intéressement de 557 euros.