é Socrates le 18 février 2010 à Lisbonne (Photo : Joao Cortesao) |
[28/04/2010 15:18:26] LISBONNE (AFP) La dégradation mardi de la note de la dette du Portugal par l’agence de notation Standard & Poor’s (SP) est un coup dur pour le gouvernement portugais qui tente de se démarquer de la crise grecque et affiche sa détermination à assainir rapidement ses finances publiques.
“Toutes les mesures qui tendent à démontrer la volonté du gouvernement de consolider les finances publiques seront de nature à rassurer les investisseurs” et “éviter la réalisation d’un scénario à la grecque”, a déclaré à l’AFP l’économiste de la BNP Paribas, Philippe Sabuco.
Dès mercredi matin, le Premier ministre José Socrates, dont le gouvernement socialiste est minoritaire au Parlement, et Pedro Passos Coelho, président du Parti social démocrate (PSD, centre-droite), principal parti d’opposition, ont annoncé leur intention de “travailler ensemble” pour répondre à “une attaque spéculative sans fondement contre l’euro et contre la dette souveraine portugaise”.
A l’issue d’une réunion d’urgence, décidée après l’abaissemement de la note du Portugal, ils ont annoncé l’ouverture d’un “dialogue régulier” afin que “tous les agents internationaux sachent que le pays a l’intention de respecter ses objectifs” en matière de déficits.
à Lisbonne le 28 avril 2010 (Photo : Francisco Leong) |
M. Socrates a également annoncé son intention d’anticiper à 2010 les restrictions à l’attibution des allocations chômage et autres prestations sociales, prévues à partir de 2011 dans son plan de redressement budgétaire.
Récemment élu à la tête du PSD, M. Passos Coelho, qui affirmait jusqu’ici ne pas se sentir “lié” par les mesures inscrites au programme de redressement budgétaire, s’est dit “disponible” pour permettre que ces mesures puissent entrer en vigueur “plus rapidement”.
“Afficher une unité nationale est une bonne chose, car les marchés craignent qu’un programme d’austérité soit combattu par l’opposition. C’est ce qu’on craint pour la Grèce”, avait estimé l’économiste belge Paul de Grauwe avant même la déclaration commune de MM. Socrates et Passos Coelho.
“La situation de crise exige que le gouvernement, minoritaire au parlement, et le principal parti de l’opposition s’entendent rapidement”, écrivait pour sa part le quotidien économique Diario Economico, lançant un manifeste adressé aux responsables politiques, sous le titre “Entendez-vous”.
Le plan de rigueur déjà approuvé par Bruxelles, axé sur une réduction des dépenses avec notamment un gel des salaires des fonctionnaires, doit permettre de ramener un déficit record de 9,4% du PIB à 8,3% du PIB en 2010, puis sous la limite européenne autorisée de 3% du PIB d’ici 2013.
Un vaste plan de privatisations doit en outre contribuer à freiner la hausse de la dette du pays, qui devrait atteindre 86% du PIB cette année, soit plus de 142 milliards d’euros.
La Bourse de Lisbonne vivait mercredi une séance en dents de scie après avoir fortement chuté mardi consécutivement à la dégradation de la note souveraine de deux crans par SP, à “A-” contre “A+”, en raison de finances publiques “structurellement faibles” et d’une stagnation de l’économie.
Après avoir plongé mercredi matin de plus de 6%, la place lisboète était reparti temporairement à la hausse à la suite de l’annonce du chef du gouvernement d’anticiper la mise en oeuvre des mesures d’austérité. Vers 15H10 GMT, elle cédait à nouveau 1,28%.