L’Etat veut relancer ses cessions immobilières, un moyen de réduire sa dette

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Vue de Paris, le 10 octobre 2009. (Photo : Bertrand Guay)

[28/04/2010 15:24:49] PARIS (AFP) Pariant sur une reprise du marché immobilier, l’Etat français veut relancer la cession de son patrimoine et prévoit de vendre en trois ans quelque 1.700 immeubles, un moyen d’améliorer des finances publiques exsangues.

Un programme “pluriannuel” prévoyant ces cessions devrait être prochainement présenté, a indiqué mardi le ministre du Budget, François Baroin en conseil des ministres.

“Il concernera 1.700 biens immobiliers dans toute la France, très divers en importance, en valeur et en nature”, a-t-il précisé.

L’Etat est décidé à céder les biens qu’il juge trop coûteux d’entretien, comme les hôtels particuliers, ou “inutiles au service public”, comme les maisons forestières, les casernes et tribunaux désaffectés.

Les ventes sont aussi la conséquence de regroupements de structures administratives, par exemple les directions générales des impôts et des comptes publics, qui ont permis de libérer de l’espace.

En réduisant les surfaces de bureaux occupés, l’Etat entend réduire ses coûts en matière de loyer ou de maintenance.

Alors qu’il s’est déjà engagé à s’attaquer aux niches fiscales pour redresser ses comptes, il espère aussi utiliser les recettes des ventes pour réduire son endettement et ses déficits. Ceux-ci ont atteint des niveaux records qui ont valu à la France plusieurs rappels à l’ordre de la Commission européenne.

“Ca ne peut pas être un mauvais signal envoyé à Bruxelles”, souligne-t-on dans l’entourage du ministre du Budget.

L’Etat est actuellement propriétaire d’environ 12 millions de mètres carrés, d’une valeur estimée à 60 milliards d’euros.

L’an dernier, les 650 opérateurs de l’Etat (Office national des forêts, musées, universités…) ont aussi, pour la première fois, recensé leur patrimoine, estimé à 42 milliards d’euros (26 appartiennent à l’Etat).

Depuis 2005, l’Etat a tiré quelque 3 milliards d’euros de ses cessions immobilières, dont 15% ont été affectés au remboursement de la dette.

Mais depuis 2008, en raison de la crise, le rythme des cessions immobilières s?était ralenti. Après 820 millions d’euros récolté en 2007, l’Etat n’a ainsi engrangé “que” 395 millions d’euros en 2008, et 475 millions en 2009.

Pour 2010, il s’est fixé un objectif ambitieux : 900 millions d?euros, en pariant notamment sur une reprise du marché immobilier. Dernière cession en date : le siège de Météo France, acheté début mars par la Russie.

Mais la vente prévue des bâtiments parisiens du ministère de la Défense, qui doit permettre de financer le “Pentagone de la Défense” dans le 15ème arrondissement, et qui devait rapporter 700 millions d’euros dès cette année, sera finalement étalée, souligne-t-on à Bercy.

Reste aussi à savoir si la reprise amorcée sur le marché de l’immobilier va se poursuivre. “On a constaté une nette amélioration sur le marché parisien”, indique-t-on à Bercy.

Mais les cessions prévues au cours des prochaines années concernent principalement la province.

“Les directions des ministères se sentent toujours un peu propriétaires de leurs locaux et peuvent mettre le pied sur le frein”, prévient aussi le député UMP Yves Deviaud, rapporteur spécial sur l’immobilier de l’Etat au sein de la Commission des finances de l’Assemblée.

La Cour des comptes avait de son côté récemment accusé le gouvernement de “liquider les bijoux de famille”.

Une critique dont se défend François Baroin, pour qui l’Etat s’est justement gardé de “brader son patrimoine en période de crise”.