Crise grecque : UE et FMI se mobilisent et mettent l’Allemagne sous pression

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ée de Juan Somavia, Pascal Lamy, Angel Gurria et Robert Zoellick lors d’une conférence de presse le 28 avril 2010 à Berlin (Photo : Michael Gottschalk)

[29/04/2010 06:20:07] BERLIN (AFP) Les responsables européens et du FMI ont mis mercredi la pression sur l’Allemagne pour accélérer le déblocage de l’aide nécessaire au sauvetage de la Grèce et garantir la stabilité de l’ensemble de la zone euro, au moment où l’Espagne apparaît à son tour fragilisée.

“C’est la confiance dans l’ensemble de la zone euro qui est en jeu”, a prévenu Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international. “Chaque jour perdu est un jour où la situation empire et empire”, a-t-il insisté.

Il y a une “absolue nécessité pour l’Allemagne de décider rapidement”, a renchéri le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet.

L’appel a semble-t-il été entendu par Angela Merkel: “Il est évident que les négociations entre le gouvernement grec, la Commission européenne et le Fonds monétaire international (FMI) doivent être accélérées”, a déclaré la chancelière allemande.

La Maison-Blanche a annoncé que le président américain Barack Obama et Angela Merkel s’étaient félicités mercredi, lors d’une conversation téléphonique, du soutien du FMI et de l’UE à la Grèce et appelé ce pays à des “actions déterminées” pour faire face à ses difficultés économiques.

Le temps presse, car après le Portugal, l’Espagne a été fragilisée par la dégradation de la note de sa dette par l’agence Standard and Poor’s. Avec une note de “AA”, l’Espagne reste toutefois un pays sans risque, contrairement à la Grèce, et Madrid a aussitôt appelé les marchés à la “tranquillité”.

MM. Strauss-Kahn et Trichet s’étaient rendus à Berlin pour tenter de vaincre les réticences des parlementaires allemands, alors que l’opinion allemande est hostile au plan de sauvetage, le tout à l’approche d’élections régionales le 9 mai, délicates pour la coalition au pouvoir.

A l’issue de ces rencontres, des parlementaires allemands ont affirmé que la Grèce aurait besoin de 100 à 120 milliards d’euros d’aides d’ici fin 2012, des montants que le FMI n’a toutefois pas confirmés.

“Les 45 milliards d’euros dont il était question jusqu’à présent ne sont que le début”, a commenté le député vert Jürgen Trittin.

Le plan d’aide à la Grèce de la zone euro et du FMI prévoit pour le moment un apport de 45 milliards d’euros pour la première année (30 milliards de la zone euro et 15 milliards du FMI).

Après une journée noire mardi, les dirigeants européens et du FMI ont multiplié mercredi les initiatives pour enrayer la panique sur les marchés, à commencer par la convocation d’un sommet de la zone euro, sans doute le 10 mai.

Cela a permis d’apaiser la flambée du taux des obligations grecques à 10 ans, qui après avoir battu de nouveaux records dans la matinée à 10% puis 11%, a reflué à 9,919% à 16H09 GMT.

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à Berlin (Photo : Steffen Kugler)

En revanche, les inquiétudes d’une contagion de la crise à d’autres pays très endettés sont restées fortes et les marchés boursiers ont de nouveau plongé après la dégradation de la note de l’Espagne. L’euro touchait de son côté un nouveau plus bas depuis un an, à 1,3115 dollar, avant de remonter légèrement.

Décidé à éteindre l’incendie, le président de la Commission européenne, Jose Manuel Barroso, a affirmé que l’UE et la BCE étaient “déterminées à garantir la stabilité de la zone euro”.

Bruxelles a fait état de “progrès rapides” dans les négociations, prévoyant de rendre son avis sur la requête grecque “dans les prochains jours”.

Le gouvernement grec a toutefois fait savoir qu’il refusait de supprimer certains avantages salariaux dans le secteur privé, comme l’exigent les négociateurs internationaux.

Mais la Grèce n’a plus beaucoup de marges de manoeuvre, surtout depuis la dégradation brutale par S&P de sa note souveraine à BB+, désormais rétrogradée au rang d’obligation “pourrie”, une première pour un pays de la zone euro. Cette décision va rendre encore plus difficile son accès au marché, alors que la Grèce doit rembourser le 19 mai un emprunt de 9 milliards d’euros.

Espérant enrayer la spéculation, les autorités grecques ont suspendu la vente à découvert sur toutes les valeurs, une mesure appliquée par plusieurs pays lors de la crise de 2008 pour éviter l’effondrement des marchés. Cette mesure a permis à la Bourse d’Athènes de souffler, avec un gain de 0,63%.