Les pauvres, mieux considérés par les banques, des clients presque comme les autres

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ête à pénétrer dans une agence de la Banque postale, un livret a à la main, le 1er octobre 2008 (Photo : Francois Nascimbeni)

[29/04/2010 14:58:23] PARIS (AFP) Les personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté en France sont aujourd’hui mieux considérées par les banques qu’il y a 10 ans, et sont des clients presque comme les autres, selon une étude du Crédoc publiée jeudi par le ministère de l’Economie.

Les pauvres sont deux fois plus nombreux en 2009 (80%) qu’en 2001 (39%) à détenir une carte bancaire, selon cette étude, réalisée par le Crédoc (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie).

Pour les chéquiers, la proportion est passée de 59% en 2001 à 68%.

Enfin, 96% des pauvres avaient un compte bancaire en 2009, presque comme tous les Français (99%), contre 92% en 2001. Et en outre, 80% des personnes interrogées se sont déclarées satisfaites des relations avec leur banque, relève la Fédération bancaire française (FBF).

Ce rapport montre ainsi “une forte amélioration de l’accès aux services financiers” des pauvres, selon Christine Olm, sous-directrice au Crédoc, et co-auteur de cette étude.

Est considérée comme “pauvre” en France une personne ayant un revenu égal ou inférieur à 900 euros par mois. Pour un couple, le seuil est de 1.350 euros par mois, et pour une famille avec 2 enfants de moins de 14 ans, il est de 1.950 euros par mois.

Selon les normes de l’Union européenne, un “pauvre” est celui qui a moins de 60% du revenu mensuel médian par personne d’un pays.

En 2009, les pauvres sont beaucoup plus nombreux (61%) qu’en 2001 (45%) à détenir une épargne à la banque, sous forme de livret A notamment.

En ce qui concerne les autorisations de découvert à la banque, l’étude montre que 72% des ménages pauvres en bénéficient, contre 43% en 2001.

“Nous avons noté aussi qu’une fraction des ménages n’ont volontairement ni carte bancaire ni chéquier, c’est un choix”, a indiqué Mme Olm.

Pierre Bocquet, directeur de la banque de détail à la FBF, relève de son côté que les banques ont mis au point des services adaptés à ce type de clientèle, soit la carte à autorisation systématique. Quand le client paye avec cette carte, la banque est systématiquement interrogée, pour voir si le compte est suffisamment provisionné.

“Cela n’est pas possible avec le chéquier, et ce type de carte est apprécié par ceux qui veulent maîtriser leurs dépenses”, selon M. Bocquet. Lancée au milieu des années 2000, cette carte a été adoptée par plus de 8 millions de personnes en France.

Quand il s’agit de découvert, les populations âgées pauvres sont plus prudentes, car elles savent combien coûte un chèque refusé, alors que les jeunes n’en ont aucune idée.

Concernant le crédit à la consommation, l’étude montre qu’il sert souvent à combler un besoin de trésorerie, ou à financer des achats de base comme l’habillement, voire l’alimentation.

“Le prêt à la consommation devient la solution pour réussir à finir le mois”, constate Mme Olm.

Une catégorie dans les personnes considérées comme pauvres est cependant plus mal lotie : les chômeurs.

A même niveau de vie que les pauvres ayant un emploi, ils sont beaucoup plus souvent confrontés à un refus de la banque de leur donner un chéquier ou une carte bancaire.