Tunisie – Consultation nationale sur le livre et la lecture : 68,12% des tunisiens n’ont pas lu un seul livre en 2009

livre-1.jpgLes résultats de la consultation nationale
sur le livre et la lecture ont été
révélés le mardi 27 avril 2010, à l’occasion de la 28ème édition de la foire du
livre de Tunis. Cette enquête a été réalisée auprès d’un échantillon de 1.029
personnes représentatives des différentes régions du pays, des catégories d’âge,
des niveaux scolaires et des niveaux de revenus.

Selon cette enquête, 68,12% des interviewés n’ont pas lu un seul livre durant
l’année 2009, 31,8% ont lu au moins un livre en 2009, 22,74% n’ont pas lu un
seul livre de leur vie, les femmes lisent plus que les hommes (36,88% contre
27%), et les jeunes lisent plus que les vieux. 60% de ceux qui lisent, ont lu
jusqu’à 5 livres dans l’année. Selon ces résultats il n’y a pas de différences
particulières entre les régions.

Sur la question du budget annuel alloué pour l’achat des livres, 44,59% des
personnes interrogées ont affirmé qu’il ne dépasse pas les 30 dinars contre
7,64% seulement qui lui consacrent 200 dinars par an.

69,82% des personnes interrogés et qui lisent préfèrent les livres littéraires,
suivis par les sciences humaines, économiques et politiques (31,10%). Dans les
livres littéraires les romans représentent 26,83%, les livres religieux (25,91%)
et les livres philosophiques (25,00%). Le livre tunisien est le livre le plus lu
avec une part de 65,34%. Viennent ensuite le livre européen (62,58%), celui
arabe (55,52%) et le livre maghrébin (15,64%).

Les raisons de cette désaffection à la lecture sont justifiées par le manque du
temps (52,7%) alors que 20,7% affirment n’être pas habitués à la lecture et 18%
qui ne veulent pas lire. 11% indiquent qu’ils choisissent un autre moyen de
loisir. Selon l’enquête, les Tunisiens achètent principalement auprès des
librairies à hauteur de 70%, en précisant que les foires du livre constituent de
véritables opportunités d’achat (50%).

Concernant le secteur de l’édition, on compte actuellement 171 maisons
d’édition. Selon les résultats de la consultation, certaines de ces maisons
d’édition ne sont pas professionnelles et ne répondent pas aux normes exigées en
matière de structure, de financement et de ressources humaines. On indique
également que l’édition privée représente près de 40% du total de la production,
ce qui constitue une réelle concurrence aux maisons d’édition professionnelles.

D’un autre côté, le nombre de titres édités est de 1.303 en 2008 en baisse par
rapport à 2007, avec 1.700 titres. Le volume moyen des tirages a également
baissé ces dernières années et se situe entre 1.000 et 1.500 exemplaires contre
une moyenne de 3.000 à la fin des années 90.

Recommandations…

Les recommandations de la consultation nationale portent essentiellement sur la
révision du cahier des charges relatif à la création des maisons d’édition, sur
les réseaux de de distribution et des librairies, sur l’encouragement de la
coopération entre le secteur public et le secteur privé dans le domaine de
l’édition et sur la généralisation des exonérations tarifaires sur les matières
utilisées dans la fabrication du livre comme le papier et l’encre.

Concernant les droits d’auteur, on recommande d’étudier la possibilité de
baisser la taxe sur le revenu de 15% à 5% pour les revenus provenant des emplois
créatifs, artistiques et littéraires. Pour ce qui concerne le dépôt légal, on a
appelé à soutenir le développement du livre électronique, et des publications
électroniques. Les participants à la consultation nationale ont aussi plaidé
pour la création d’un centre national du livre qui aura pour mission
d’encourager le livre tunisien par l’octroi de subventions étatiques,
accompagner les maisons d’édition et de distribution professionnels, participer
à la mise à niveau des ressources humaines dans ces deux secteurs et promouvoir
le livre tunisien à l’étranger.

Enfin, on a appelé à faire bénéficier les maisons d’édition du programme
national de mise à niveau des PME, essentiellement au niveau structurel,
matériel et immatériel. Il a également été recommandé la promulgation d’une loi
visant à introduire le principe du prix unique du livre et l’obligation pour les
éditeurs de le mentionner sur la couverture.

En ce qui concerne la Bibliothèque nationale numérique, on a appelé à mettre en
place un plan national urgent pour la numérisation des données écrites et d’un
réseau électronique national qui fournirait des services à distance.