La
Foire internationale du livre de Tunis est, sans doute, devenue l’un des rendez-vous culturels les plus attendus par le grand public. De par sa vocation généraliste qui touche toutes les catégories de la société, la foire accueille chaque année près de 200 mille visiteurs. Déjà à sa 28ème édition, la question qui se pose est ce qu’est devenue cette manifestation dans un secteur en difficulté.
328
exposants venus de 34 pays, 103 maisons d’édition tunisiennes y participent, 318
maisons d’édition arabes et 679 maisons d’éditions étrangères, soit au total
1.100 éditeurs. Au passage, ces dernières années, on a observé une évolution
importante du nombre des livres religieux dans une bonne partie des stands du
parc d’exposition du Kram, proposés essentiellement par des maisons d’édition
arabes.
Tendances…
Pour les visiteurs habitués à cette manifestation, on ne peut manquer de
constater au fil des années une baisse de la qualité des livres proposés. Les
livres spécialisés sont bien présents (47%), les livres pour enfants aussi (4%),
les romans et autres livres divers (49%).
Parmi les nouveautés du salon, le livre électronique qui commence à faire sa
place dans certains stands, notamment avec des titres pour enfants; on remarque,
également, la participation de pays comme l’Inde, qui vise, notamment, la vente
de droits de traduction de leurs livres.
Selon M. Boubaker Ben Fradj, directeur de la Foire internationale du livre de
Tunis, la manifestation présente un enjeu culturel et économique important pour
la Tunisie. Un enjeu culturel, du fait qu’il rassemble des cultures différentes
et devrait être un moyen pour inciter les Tunisiens à la lecture. Un enjeu
économique, puisqu’il représente une opportunité pour le développement des
affaires entre éditeurs, distributeurs, et écrivains, etc. Selon M. Ben Fradj,
le salon vise à affermir davantage cette tendance pour en faire un véritable
centre d’affaires.
Le livre tunisien…
Selon les organisateurs, le livre tunisien est en train d’évoluer sur le plan
quantitatif et qualitatif. «Le livre est un produit soutenu, l’Etat prend en
charge les trois quarts du coût du papier. D’ailleurs, la libéralisation de
l’édition a bien bénéficié au secteur puisqu’on compte actuellement près de 200
maisons d’édition», précise-t-il.
D’un autre côté, on souligne que le livre tunisien est très sollicité à
l’extérieur du pays. Reste que «l’un des points faibles du livre tunisien, c’est
la distribution à l’intérieur et à l’extérieur. Le livre n’atteint pas son
public. Les librairies assument une partie de la responsabilité», explique-t-il
en ajoutant que le réseau de librairies en Tunisie est appelé à faire sa mise à
niveau : «Les canaux d’exportation doivent devenir plus efficients et la
publicité pour le livre doit être plus forte. Il s’agit là d’une responsabilité
partagée entre les maisons d’édition, les circuits de distribution et les
médias».
M. Ben Fradj considère que la désaffection à la lecture est un phénomène
universel et n’est pas propre à la Tunisie. L’influence des nouvelles
technologies de l’information en est pour quelque chose ainsi que le changement
du mode de vie des gens. Mais force est de constater, selon lui, que dans les
pays développés, le livre n’est pas en danger et que les best seller continuent
à se vendre par des milliers d’exemplaires. S’agirait-il d’une question de
culture et de mentalité ? De l’impact de l’évolution du niveau de l’éducation?
En ce qui concerne le livre électronique, la profession ne le considère pas
comme un concurrent. «L’essentiel est que les gens aient un penchant pour la
lecture que ce soit pour le livre électronique ou le livre classique».