Grèce : 1er mai sous tension dans l’attente d’un accord imminent

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à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[01/05/2010 08:29:03] ATHÈNES (AFP) Les traditionnels défilés du 1er mai s’annonçaient samedi sous haute tension à Athènes, dans l’attente d’un accord imminent sur le plan de sauvetage de la Grèce, qui devrait se traduire par une cure d’austérité sans précédent d’ores et déjà dénoncée par les syndicats.

Tout semble indiquer que les négociations dans la capitale grecque entre les Européens, le Fonds monétaire international (FMI) et la Grèce seront achevées samedi et qu’un accord sera annoncé dimanche matin par le gouvernement, a déclaré à l’AFP une source proche des pourparlers.

Le Premier ministre Georges Papandréou a par avance tenté de faire accepter à ses concitoyens les nouveaux sacrifices exigés par les négociateurs internationaux pour permettre au pays de continuer à rembourser sa dette colossale. Il a invoqué vendredi devant le Parlement la “survie de la nation” pour justifier des économies “nécessaires”.

Selon des syndicalistes, ces économies pourraient atteindre 25 milliards d’euros en deux ans, pour ramener le déficit public des bas-fonds qu’il a atteints l’an dernier, autour de 14% du produit intérieur brut (PIB), à environ 4% fin 2011. Il s’agirait d’un effort de rigueur sans équivalent dans la zone euro.

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à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

Les syndicats se disent prêts à batailler contre cette thérapie de choc, notamment contre les coupes salariales envisagées et la réforme annoncée des retraites. Ils entendaient faire du 1er mai un test avant la grande grève générale des secteurs public et privé prévue mercredi.

Trois cortèges et plusieurs milliers de manifestants étaient attendus samedi dans le centre d’Athènes: celui du front syndical communiste (Pame), celui des grandes centrales syndicales du secteur public (Adedy) et privé (GSEE), et enfin celui de la mouvance anarchiste.

“Le pays ne peut pas sortir de la crise si la société doit faire face à une chute brutale de son niveau de vie la ramenant 50 ans en arrière”, a protesté le président de l’Adedy Spyros Papaspyrou, à l’issue vendredi soir d’une rencontre avec des ministres.

Des manifestations étaient également prévues dans les grandes villes du pays, dont Salonique (nord).

Samedi matin, quelques dizaines de policiers commençaient à se déployer place Syntagma, au coeur d’Athènes, prêts à intervenir en cas de débordements.

Selon un sondage publié samedi, 51,3% des Grecs sont désormais décidés “à descendre dans la rue” contre de nouvelles mesures d’austérité. Mais, signe de la volatilité de l’opinion, un autre sondage montrait au même moment que 62% sont hostiles aux mobilisations organisées ces derniers mois par les syndicats.

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évisions de l’aide de l’UE à la Grèce

Le 1er mai intervient à la veille d’une journée cruciale pour le sauvetage financier de la Grèce, qui affirme ne plus être en mesure d’emprunter les fonds nécessaires pour continuer à rembourser sa dette colossale.

Le ministre des Finances Georges Papaconstantinou a affirmé que les tractations étaient “très proches d’un accord positif”, et sa collègue de l’Education Anna Diamantopoulou a précisé que leur “résultat final” serait connu dimanche. Un optimisme relayé à Bruxelles.

Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a d’ailleurs convoqué dimanche à 14H00 GMT une réunion avec ses homologues pour discuter de l’accord.

Une fois validé par les ministres, le déclenchement de l’aide doit en principe être autorisé par les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro, probablement lors d’un sommet le 7 ou le 8 mai.

L’aide à la Grèce prévoit pour la première année 45 milliards d’euros, sous forme de prêts bilatéraux des pays de la zone euro (30 milliards) et d’un soutien du FMI (15 milliards). Mais des parlementaires allemands ont évoqué une aide triennale allant jusqu’à 120 milliards.

Plus gros contributeur du plan d’aide européen (8,4 milliards la première année), l’Allemagne, encore réticente il y a quelques jours, devrait décider du déblocage des fonds vendredi prochain, une fois que son Parlement aura donné son aval.

Paniqués en début de semaine par un risque de défaut de paiement de la Grèce et, surtout, par la menace d’une contagion de la crise à d’autres maillons faibles de la zone euro, comme le Portugal ou l’Espagne, les marchés se sont calmés ces derniers jours. Et l’euro a retrouvé quelques couleurs.