ènes le 28 avril 2010 (Photo : Louisa Gouliamaki) |
[01/05/2010 08:31:16] PARIS (AFP) Les marchés financiers ont vécu une semaine folle, secoués par la déroute de la Grèce et les craintes d’une contagion à d’autres maillons faibles de la zone euro, et la perspective d’un sauvetage imminent du pays n’a pas encore totalement rassuré.
La cacophonie européenne a mis en émoi les marchés, l’Allemagne se montrant une fois de plus réticente à aider la Grèce, alors qu’elle a une échéance électorale importante le 9 mai.
Résultat: dès le début de la semaine, les taux auxquels Athènes se refinance sur le marché obligataire, où se joue le sort de la dette grecque, ont grimpé à de nouveaux niveaux record. Signe d’une réelle inquiétude quant à l’avenir proche, les taux à court terme ont dépassé le niveau de ceux sur le long terme.
Ce climat a atteint son apogée mardi quand l’agence de notation Standard & Poor’s a dégradé la note de la dette du Portugal –vu comme le deuxième maillon faible de la zone euro– avant de donner le coup de grâce en reléguant la dette de la Grèce dans la catégorie des investissements spéculatifs.
été française Global Equities le 28 avril 2010 à Paris (Photo : Charly Triballeau) |
Les Bourses européennes ont alors violemment décroché, les actions des banques ont plongé et même Wall Street, jusque-là peu sensible aux déboires de la Grèce, a accusé le coup.
Victime logique de cette débandade: la monnaie unique européenne a atteint mercredi son plus bas niveau depuis fin avril 2009, à 1,3115 dollar, avant de se reprendre en fin de semaine.
Mais c’est évidemment sur le marché de l’assurance et de la dette que les angoisses ont été les plus manifestes.
Ainsi, les CDS, ces produits qui couvrent les risques de faillite, ont connu des niveaux jamais vus pour certains pays fragiles de la zone euro. La Grèce est devenue le pays le plus risqué, derrière l’Argentine et le Venezuela.
Quant aux taux obligataires, ils se sont envolés, empêchant la Grèce d’emprunter sur les marchés et pénalisant ses voisins. Les taux grecs à 10 ans ont dépassé les 11% et ceux à 2 ans ont atteint les 18%, une première pour un pays de la zone euro.
La perspective d’un accord rapide a toutefois semblé calmer les places financières en fin de semaine.
“Il y a eu une pause, après que les Bourses ont enregistré des baisses complètement délirantes, mais cela ne préjuge pas de ce qui va se passer la semaine prochaine”, prévient Benjamin Carton, économiste au Centre d’Etudes prospectives et d’Informations internationales (CEPII).
“On en est à un tel point de fébrilité que l’histoire peut aussi bien se calmer que continuer”, ajoute-t-il.
L’issue des négociations entre les différentes parties, espérée pour ce week-end, sera en tout cas cruciale, assurent les économistes.
Le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a convoqué une réunion de l’Eurogroupe dimanche après-midi.
Selon l’économiste du CEPII, il est à craindre “que les marchés ne soient pas convaincus par l’annonce du déblocage de l’aide et par le fait que la Grèce pourra mettre en oeuvre son plan de stabilisation”.
“On ne sait pas du tout si elle est capable de le faire. On en est encore au stade des paroles”, a asséné M. Carton, alors que l’UE et le FMI ont demandé à Athènes de réduire drastiquement ses déficits.
Marc Touati de Global Equities a toutefois relativisé l’impact de la crise grecque sur les marchés: “les investisseurs se soucient de moins en moins de la zone euro”.