Logo de Facebook (Photo : Leon Neal) |
[01/05/2010 08:47:30] BOGOTA (AFP) Les réseaux sociaux Facebook et Twitter se sont emparés de la campagne présidentielle colombienne, modifiant la donne au point de permettre à un candidat sans parti traditionnel d’être désormais favori dans les sondages.
Le site d’Antanas Mockus, candidat du Parti Vert, un mouvement qui était presque une coquille vide il y a moins d’un an, “est l’un des vingt sites de politiques les plus visités au monde”, s’enorgueillit le stratège de la campagne internet de cet ex-maire de Bogota en tête dans les sondages, Luis Sarmiento.
Selon les statistiques de Facebook, disponibles sur le site Facebakers.com, il arrive même à la neuvième place, juste derrière l’Américain John McCain.
“C’est un instrument efficace, immédiat et gratuit, qui permet aux groupes le soutenant de se mobiliser. Grâce à la toile, nous sommes présents dans des municipalités éloignées, à l’étranger, partout”, ajoute-t-il.
La “connectivité” chère à Nicholas Negroponte, patron du MIT Media Lab venu en 2008 distribuer des ordinateurs dans des zones anciennement contrôlées par la guérilla des Farc, a ainsi permis durant la campagne de compenser les difficultés de déplacement dans ce pays de jungles, coupé en deux par la cordillère des Andes.
En outre “la campagne de Mockus n’a pas eu à débourser un peso. Les personnes impriment les affiches, photos, et logos directement, chacun assume ses frais. Nous n’avons pas besoin d’agences de publicité”, pour cela.
Un média d’autant plus adapté à ce candidat, qui n’avait aucune structure politique dans les régions, note aussi Sandra Rodriguez, en charge de ses relations avec la presse.
Le site web du candidat compte désormais plus de 470.000 adhérents et ses partisans assurent qu’ils seraient plusieurs millions d’internautes à le suivre de près.
Ses adversaires en revanche tentent de minimiser l’impact du phénomène y voyant une “mode” médiatique qui ne se traduira pas dans les urnes.
“Je dois tout de même admettre que nous pourrions faire plus”, pour avoir recours à ces instruments”, déclare Juan-Manuel Santos, ex-ministre de la Défense (2006-2009), qui serait battu par Antanas Mockus au deuxième tour, selon les derniers sondages.
Ricardo Galán, stratège en communications de M. Santos, admet aussi que sa campagne a un peu trop délaissé les réseaux sociaux: “là-dessus, nous nous sommes trompés, mais il est vrai que notre candidat à un autre profil”, avoue-t-il. Il atteint davantage son électorat, à travers “la radio, la télévision et des contacts personnels”.
En Colombie, la pénétration d’internet est de 39%, contre 78% aux Etats-Unis, ce qui fait dire au spécialiste Andrés Cavelier, directeur de FastrackMedia, cabinet de conseil en gestion des réseaux sociaux basé à Washington, que ce média ne sera pas déterminant pour le choix du prochain président.
La campagne présidentielle 2010 a toutefois bien démontré le poids de la toile dans le pays, qui arriverait troisième après l’Espagne et l’Argentine dans le classement des usagers hispanophones de Facebook.
Twitter aussi a du succès, au point qu’il a récemment servi de source à plusieurs médias traditionnels pour décrire les avancées de la libération d’un otage des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes).
Pour Antanas Mockus, en tout cas, internet “a mis sens dessus-dessous la politique colombienne”, l’aidant à passer de 9% des intentions de vote en mars à plus de 30% en moins d’un mois.
Selon la dernière enquête publiée jeudi par le journal télévisé CM&, M. Mockus recueillerait 39% des intentions de vote des Colombiens, contre 34% pour M. Santos.