Viticulture : en Languedoc-Roussillon, les Faugères ignorent la crise

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édric Guy inspecte ses vignes le 29 avril 2010 à Faugères. (Photo : Anne-Christine Poujoulat)

[01/05/2010 17:33:13] FAUGÈRES (AFP) Perché à quelque 250 m d’altitude, dominant la plaine du Languedoc-Roussillon et la Méditerranée que l’on distingue au loin, le vignoble de Faugères semble ignorer la crise que traverse la viticulture dans la région et continue d’attirer de nouveaux vignerons.

Cette semaine, l’appellation, en AOC depuis 1982 pour les rouges, célébrait le millésime 2009, une année marquée en Languedoc-Roussillon par une grande sécheresse

Cela a donné dans le Faugérois des vins “concentrés au niveau de la puissance, très aromatiques”, analyse le parrain du millésime, Yannis Kherachi, chef sommelier au très réputé “Jardin des Sens” des frères Jacques et Laurent Pourcel.

En raison du manque de pluie, les raisins se sont gorgés de sucre, mais le sol schisteux si caractéristique de l’appellation “a apporté de la minéralité et de la fraîcheur”, ajoute-t-il.

Sur ce terroir de cailloux aux reflets gris, ocres ou orangés, propice à la culture bio, le vignoble s’étend sur quelque 2.000 hectares, avec une production moyenne assez faible de 65.000 hectolitres.

Mais avec la sécheresse seulement 60.000 hl l’an dernier, soit un rendement inférieur à 30 hl/hectare, l’un des plus faibles de France. Ce qui n’effraie guère les producteurs.

“Car ici”, explique Cédric Saur (“Château Haut-Fabrègues”), “les prix de l’hectolitre ne se sont pas cassés la figure”, alors que dans le reste de la région, les viticulteurs déplorent une chute des cours.

“On est resté à environ 100 euros l’hl, départ propriété, ce qui est très haut pour la région”, ajoute le vigneron, par ailleurs président régional du syndicat des Jeunes Agriculteurs.

“On est une des appellations du Languedoc-Roussillon qui s’en sort le mieux”, assure de son côté Michel Salles, président de l’appellation Faugères. Les raisons? La qualité, la réputation des Faugères, mais aussi parce qu'”environ 80% des volumes produits sont mis en bouteilles et mis en marché à l’exploitation” — les caves particulières ou la cave coopérative –, explique M. Salles.

En misant sur les relations directes avec les clients – particuliers, grande distribution ou cafés-restaurants -, en vendant aussi en caveaux, “les volumes s’écoulent facilement”, pointe M. Salles. Et “les producteurs captent la plus-value”.

Signe de la bonne santé de l’appellation: une dizaine de nouveaux vignerons se sont lancés ces dix dernières années, parmi lesquels l’Anglais Simon Coulshaw qui a acheté en 2007 le Domaine des Trinités.

Ancien viticulteur puis informaticien, il a eu le coup de coeur pour ces 24 ha qu’il cultive façon bio (sans le label) après avoir visité “107 exploitations dans la vallée du Rhône, Languedoc-Roussillon ou en Espagne” d’où sa femme est originaire.

Un choix qu’il ne regrette pas, malgré un démarrage en pleine crise économique, malgré une vendange 2008 ravagée par la grêle: “les Faugères sont élégants, épicés, pas trop lourds, leur réputation monte, l’opportunité ici est très forte”.

L’appellation a séduit aussi des jeunes vignerons soucieux d’agrandir l’exploitation familiale, comme Cédric Saur, 36 ans, qui a repris en 2003 “La Grange d’Aïn”, environ 10 ha en bio vendangés à la main, ou comme Nicolas Bouchard, qui, en association avec Cédric Guy, convertit en bio les 55 ha de “l’Abbaye Sylva Plana”.

Avec l’exploitation familiale, 50 ha en Côtes de Thongues, “tout était installé, confie ce viticulteur de 33 ans. En revanche, avec l’Abbaye, il y a un beau challenge à relever”.