Potions amères et grogne sociale chez les maillons faibles de la zone euro

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à Madrid (Photo : Dominique Faget)

[02/05/2010 13:27:31] MADRID (AFP) Grèce, Portugal, Espagne: les pays de la zone euro dont les déficits publics ont affolé les marchés cette semaine se retrouvent contraints d’adopter des mesures d’austérité parfois implacables, accueillies avec colère ou résignation par les populations.

Parmi les autres maillons faibles de la zone Euro, l’Irlande doit aussi procéder à des coupes claires, même si elle a échappé jusqu’à présent à la dégradation en forme de couperet de la note de sa dette, telle qu’infligée cette semaine par l’agence Standard and Poors à la Grèce, à l’Espagne et au Portugal.

Tous veulent ramener à 3 ou 4% du PIB des déficits qui se sont envolés jusqu’à 14% dans le cas de la Grèce.

Parmi les suspects habituels, seule l’Italie tire son épingle du jeu pour avoir maintenu en pleine crise une assez stricte rigueur budgétaire qui rassure pour l’instant les marchés sur ses capacités de remboursement.

En contrepartie de l’aide de l’UE et du FMI pour la sauver de la banqueroute, la Grèce a annoncé dimanche un plan draconien de 30 milliards d’euros sur trois ans, auquel s’ajoutent 4,5 milliards déjà décidés par le gouvernement de Georges Papandréou pour 2010.

Le but de ramener le déficit public sous le seuil européen de 3% du PIB d’ici fin 2014.

Les syndicats grecs ont mobilisé depuis plusieurs semaines et préparent une grève générale mercredi.

“Nous devons faire face à un nivellement sans précédent depuis l’après-guerre non seulement des salaires mais aussi de tous les droits sociaux et du travail”, a protesté le leader syndical Spyros Papaspyrou.

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éficits de la zone euro et de pays européens (Photo : Patrice Deré)

Au Portugal, le gouvernement a gelé les salaires des fonctionnaires (environ 12% de la population active) dont il veut réduire le nombre. Il va opérer un tour de vis fiscal et des privatisations.

La grogne sociale monte. Sur les trois premiers mois de l’année, il y a eu 31 grèves et 48 manifestations. Une grande manifestation est prévue le 29 mai.

“Nous devons nous préparer à des temps extrêmement difficiles”, écrivait jeudi dans son éditorial le quotidien économique Jornal de Negocios. “Il y aura moins d’argent à dépenser et pour payer les dettes; l’accès au crédit sera plus difficile et plus cher; il y aura moins d’investissement public, plus de chômage avec moins d’allocations”.

En Espagne, le gouvernement a aussi promis l’austérité et veut économiser 50 milliards d’euros en trois ans.

Parmi de nombreuses mesures, le gouvernement a supprimé un abattement de 400 euros de l’impôt sur le revenu, promesse électorale de José Luis Rodriguez Zapatero en 2008, et va augmenter la TVA de deux points en juillet.

Il a mis en chantier une réforme du marché du travail qui risque de ne pas faire que des heureux et souhaite porter l’âge de la retraite de 65 à 67 ans.

Traditionnellement peu mobilisés, les Espagnols grognent mais ne sont pas descendus dans la rue. “Il n’y pas eu de mesures réellement impopulaires prises pour le moment”, expliqué à l’AFP Gayle Allard, économiste à l’IE business school de Madrid.

En Irlande, le gouvernement a adopté dès 2009 deux plans d’austérité de 3 et 4 milliards d’euros, imposant d’impopulaires baisses générales des allocations et une réduction de 5 à 15% des salaires des fonctionnaires.

Les réactions les plus visibles à ces sacrifices ont été des manifestations de fonctionnaires et un effondrement de la popularité du chef du gouvernement, Brian Cowen. Mais globalement, la population semble largement résignée.