à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[03/05/2010 05:21:41] PARIS (AFP) Sauf coup de théâtre, l’actuelle présidente du Medef, Laurence Parisot, devrait être ce lundi la seule candidate à sa propre succession à la tête du mouvement patronal, ce qui lui assure une réélection sans suspense début juillet pour un mandat de trois ans.
Les candidats avaient jusqu’à samedi pour déposer leur dossier. Mais en raison du 1er mai, si des dossiers sont envoyés par la Poste vendredi soir, ils ne devaient être reçus que lundi.
Mardi, le comité statutaire du Medef se réunira pour examiner le ou les dossiers de candidatures reçus, en vue de l’élection, prévue le 1er juillet.. Pour avoir son dossier validé, un candidat doit présenter la signature de 50 membres de Medef territoriaux ou de fédérations, qui voteront lors de l’élection.
Mais les les jeux sont faits. Les deux seuls concurrents potentiels de Laurence Parisot encore dans la course ont en effet jeté l’éponge le week-end dernier: Thibault Lanxade, patron de PME, a été convaincu par la patronne du Medef elle-même de ne pas se présenter, rassuré par la perspective d’un débat autour des “thèmes essentiels pour les entreprises”.
Quant à la dirigeante du petit mouvement patronal Ethic, Sophie de Menthon, désireuse de se confronter à Laurence Parisot, elle n’était pas adhérente d’un Medef territorial, condition nécessaire pour pouvoir briguer la tête de l’organisation.
çais, le Medef à Paris, le 22 Janvier 2010 |
La présidente actuelle a donc les coudées franches pour s’attaquer aux futurs dossiers qui attendent les partenaires sociaux, comme la réforme des retraites.
“Ce n’est pas du tout la même ambiance qu’en 2005, lorsque quatre candidats sérieux s’étaient affrontés pour succéder à Ernest-Antoine Seillière”, souligne le président du Medef Auvergne, Hugues-Arnaud Mayer, lui-même en lice il y a cinq ans.
“Cette année, il ne pouvait y avoir de candidature sérieuse que s’il y avait un désaveu de la présidente actuelle; or ce n’est pas le cas”, ajoute ce fervent partisan de Laurence Parisot.
Selon plusieurs représentants patronaux, c’est aussi le réflexe “légitimiste”, impliquant qu’un président sortant soit réélu, qui a joué.
L’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), puissante fédération du Medef avec laquelle Laurence Parisot avait croisé le fer lors de l’affaire des “retraits suspects en liquide” au sein de l’organisation, a ainsi renoncé à présenter un candidat.
Mais elle attend en retour que la patronne du Medef entende ses doléances en terme de gouvernance et de représentation de l’industrie. “En fonction des réponses reçues, nous prendrons position”, prévient Yvon Jacob, président du Groupe des fédérations industrielles (GFI), dont l’UIMM est membre.
Si Laurence Parisot est quasiment sûre d’être réélue le 1er juillet pour un dernier mandat de trois ans, reste en effet à savoir avec quelle participation et combien de suffrages.
“Une mauvaise élection se ferait au détriment du Medef dans son travail de lobby auprès des pouvoirs publics”, estime Yvon Jacob. Laurence Parisot, qui devrait faire campagne malgré l’absence de concurrents, est attendue au tournant par de nombreuses fédérations et Medef territoriaux.
“En 2005, elle était de loin la meilleure candidate et j’ai été l’un des premiers à la soutenir. Mais peu à peu, elle s’est repliée sur elle-même”, regrette Jean-René Buisson, président de l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania), qui a quitté le Medef début 2010. “La voix des territoires n’est pas suffisamment entendue au niveau des instances dirigeantes”, déplore pour sa part Patrick Martin, président du Medef Rhône-Alpes.
Pour Hugues-Arnaud Mayer, Laurence Parisot a “tenu ses promesses” d’ouvrir et de moderniser le Medef. Mais cette ouverture a déplu pendant la crise à de nombreux chefs d’entreprises, qui ont jugé certains sujets sociétaux, défendus par la présidente du Medef, trop éloignés de leurs préoccupations.
Très impliquée dans la gestion du mouvement patronal – trop selon ses détracteurs – elle aura signé pendant son premier mandat un nombre record d’accords interprofessionnels avec les syndicats.