Le TGV peut-il payer pour tout le système ferroviaire?

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à la gare de Lyon à Paris le 24 mars 2010

[03/05/2010 06:44:16] PARIS (AFP) Affolée par la perspective de voir les profits du TGV réduits à néant par l’augmentation des péages qu’elle verse à Réseau ferré de France (RFF), la SNCF a obtenu que le mode de financement du système ferroviaire français soit rediscuté.

Depuis plusieurs mois, la SNCF sonnait l’alarme, affirmant que son train vedette ne pourrait supporter bien longtemps l’effort de rénovation du réseau ferré.

Les droits de passage que paye la compagnie à RFF pour ses TGV doivent en effet augmenter tous les ans. Cette manne venue de la seule activité vraiment rentable de la SNCF est destinée à la mise à niveau d’une bonne partie des voies ferrées, qui en ont bien besoin.

La SNCF a calculé que la facture devrait s’alourdir de plus de 900 millions d’euros de 2008 à 2013 –soit l’équivalent de son résultat d’exploitation de 2008.

RFF, propriétaire des voies, conteste ces chiffres et compte environ 20% de moins.

Les deux sociétés publiques se sont affrontées par médias interposés pendant tout l’automne, jusqu’à ce que le secrétaire d’Etat aux Transports Dominique Bussereau siffle la fin de la récréation en novembre. C’est effectivement lui qui avait décidé la hausse des péages du TGV il y a deux ans.

Mais dès décembre, un groupe de travail réunissant la SNCF, RFF et l’Etat a commencé à plancher sur la question. “L’idée est d’y voir plus clair”, indique-t-on au cabinet de M. Bussereau, ajoutant que “le gouvernement n’a de toute façon aucun intérêt à tuer ses établissements publics”.

Aucune des trois parties ne souhaite fournir de détails sur l’étendue des discussions, qui devraient durer jusqu’à la fin du printemps.

“Il s’agit de rendre compatible le modèle économique de l’un, le modèle économique de l’autre et le modèle économique de l’ensemble du système ferroviaire”, résume cependant une source proche du dossier.

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ésident de la SNCF Guillaume Pépy, le 31 mars 2009 à Lyon (Photo : Fred Dufour)

Côté SNCF, le président Guillaume Pepy évoque “un travail de mise à plat du modèle économique de la SNCF”. Et de lancer: “Il y a une bonne nouvelle, on y travaille. Et une mauvaise: ce n’est pas fini!”

Pour son groupe qui a essuyé une perte de près d’un milliard d’euros l’an dernier, il y a en effet urgence: le “modèle TGV” est sensible à la crise.

Le train le plus rapide du monde n’a pas permis de dégager assez de cash en 2009 pour financer ses propres investissements! On ne peut donc pas trop tirer sur la corde, et priver la SNCF de toute marge de manoeuvre, plaide-t-il.

“Le débat sur le niveau des péages est légitime”, a récemment reconnu le président de RFF, Hubert du Mesnil, dans une interview aux Echos.

Mais pour le gestionnaire des voies ferrées françaises, le groupe de travail tripartite s’en tient à la question du modèle économique. “On ne discute pas de chiffres”, souligne un porte-parole.

Il sera toutefois difficile de parler longtemps dudit modèle économique sans aborder la question des péages.

“Vu de RFF, il reste une marge de manoeuvre du côté des TGV”, soutient le porte-parole. “On a vu que le trafic est reparti depuis le début de l’année, la baisse de fréquentation de l’an dernier était conjoncturelle!”

Il resterait donc à la SNCF à augmenter ses recettes commerciales et… à faire des économies. RFF estime d’ailleurs que les péages pourraient baisser si l’entretien des voies était moins onéreux. Or, c’est la SNCF qui en a gardé le monopole.

Dans les discussions en cours, l’Etat pourrait être invité à mettre plus d’argent sur la table. Faute d’accord, il faudra sans doute faire des choix: augmenter le prix du billet –quitte à perdre des clients–, ou délaisser une partie du réseau.