La Grèce soulagée par le plan d’aide, mais sonnée par les sacrifices

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à Athènes (Photo : Dimitar Dilkoff)

[03/05/2010 09:10:35] ATHENES (AFP) La Grèce s’est réveillée lundi soulagée par le plan de sauvetage sans précédent de 110 milliards d’euros déclenché la veille par ses partenaires internationaux, mais surtout sonnée par “le grand sacrifice” qui attend les Grecs dans les prochaines années.

Les Européens à l’unisson, mais aussi le président américain Barack Obama, ont félicité Athènes pour “l’ambitieux programme de réforme” annoncé dimanche.

Et après avoir longtemps traîné les pieds, l’Allemagne a résumé la priorité de l’Union européenne, face au risque de contagion à d’autres pays lourdement endettés: “Il est de notre devoir de défendre la stabilité de la zone euro dans son ensemble”, a dit son ministre des Finances Wolfgang Schäuble.

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à Bruxelles (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

La décision historique prise dimanche à Bruxelles par la zone euro d’activer cette aide aura une première conséquence concrète: l’Etat grec, confronté à une dette gigantesque de 300 milliards d’euros, va pouvoir continuer à rembourser ses créanciers.

La Grèce doit rembourser près de 9 milliards d’euros d’obligations le 19 mai. “Ils arriveront à temps, tout a été fait sur la base de cette date”, a assuré lundi à l’AFP un responsable grec qui a requis l’anonymat.

C’est un soulagement pour Athènes, qui avait dramatisé ces derniers jours les enjeux sur le risque de “faillite”, martelant que les taux “prohibitifs” imposés par les marchés, autour de 9% sur dix ans, ne lui permettaient plus d’emprunter de l’argent frais. Le plan d’aide prévoit 80 milliards d’euros de prêts des pays de la zone euro sur trois ans (30 milliards la première année) et 30 milliards du Fonds monétaire international (FMI) sur la même période. Soit un total de 110 milliards d’euros.

Selon l’économiste Erik Nielsen, de Goldman Sachs, les besoins de financement grecs sont “assurément entièrement couverts pour les douze prochains mois”. C’est moins vrai pour la suite, selon lui, mais la Grèce assure qu’elle retournera se financer sur les marchés dès qu’ils auront allégé leur pression.

La zone euro a déclenché dimanche l’aide en contrepartie d’un plan de rigueur, lui aussi sans précédent, dévoilé quelques heures plus tôt à Athènes.

Cette cure d’austérité vise à réduire le déficit public grec de 30 milliards d’euros supplémentaires sur trois ans pour le ramener fin 2014 dans les clous européens, en dessous de 3% du produit intérieur brut (PIB). Le déficit a touché le fond l’an dernier, autour de 14% du PIB.

Le projet de loi sur le plan d’austérité “sera présenté au Parlement ce soir ou demain. Il sera voté d’ici mercredi ou jeudi”, a-t-on assuré lundi de source gouvernementale.

Pour les Grecs, le plan est surtout synonyme d’efforts douloureux. Et les syndicats ont aussitôt appelé à “faire barrage” à ces mesures “antisociales”, dès la troisième grève générale en moins de trois mois, prévue mercredi. Fonctionnaires et enseignants sont appelés à la grève dès mardi, tandis que les employés municipaux ont cessé le travail lundi.

Mercredi, l’activité devrait être en grande partie paralysée, notamment dans les transports. Les syndicats, qui peinent à mobiliser au-delà de leur public traditionnel, espèrent réussir à engager l’epreuve de force avec le gouvernement maintenant que la douloureuse est connue.

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Alors que le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a assuré que les mesures de rigueur avaient été élaborées de manière à protéger “les plus vulnérables”, la presse grecque retenait surtout lundi “le grand sacrifice” imposé aux Grecs et prédisait des années d'”asphyxie”.

L’optimisme de la Bourse d’Athènes au lendemain de l’accord semblait d’ailleurs tempéré par une récession qui, sous le coup de ces mesures drastiques, s’annonce cette année deux fois plus grave que prévu (-4%). L’indice Athex gagnait en milieu de matinée 0,77%.

Les grandes places européennes ont elles ouvert en baisse et l’euro perdait un peu de terrain tout en restant au-dessus de 1,32 dollar.