BAD : Le Cap-Vert rejoint les pays à revenu intermédiaire

Par : Tallel

Avec peu de
ressources naturelles, le Cap-Vert est devenu, contre toute attente pour
l’Afrique, le premier cas de transition au statut de pays à revenu intermédiaire
(PRI) induite par les réformes, contrairement à une transition tirée par les
ressources naturelles. Pays pauvre en ressources caractérisé par un climat
sahélien aride et peu de terres arables, le Cap-Vert a connu une hausse
constante des niveaux de vie de sa population et est en passe d’atteindre la
plupart des objectifs du millénaire pour le développement (OMD).

La bonne gouvernance et des politiques économiques saines ont été la clé du
passage du Cap-Vert de pays à faible revenu au statut de pays à revenu
intermédiaire depuis 2008. Selon le président de la Banque africaine de
développement (BAD), Donald Kaberuka, «une riche dotation en ressources
naturelles aide, bien sûr, mais nous avons ici la preuve que, quelque peu
favorables que soient les conditions initiales, avec la
bonne gouvernance, des
institutions solides et un climat politique et social pacifique, le décollage
est possible». M. Kaberuka a fait cette déclaration lors d’une visite officielle
dans le pays.

Le niveau de la pauvreté absolue dans le pays a chuté au cours des dernières
années. En 2006, il était estimé à 26%. L’un des principaux moteurs de la
croissance du pays a été le rapatriement de fonds par les migrants, évalué à 132
millions d’euros en 2009. Le Cap-Vert a réussi à maintenir des liens économiques
et sociaux étroits avec sa diaspora, qui est estimée à plus d’un million de
personnes. La vulnérabilité de la population a été considérablement réduite par
suite des transferts de fonds stables et fiables envoyés par les travailleurs
migrants du pays à leurs familles. Ces fonds ont grandement bénéficié aux
femmes, aux enfants et aux personnes âgées, et ont certainement contribué à la
transition du pays au statut de PRI. En combinant des politiques monétaires
incitatives et des services administratifs appropriés, le Cap-Vert a été en
mesure d’assurer, entre 1999 et 2008, 12,3% de son PIB sur les envois de fonds
de sa
diaspora.

Avec les transferts de fonds des migrants, d’autres facteurs ont joué un rôle
clé dans la croissance économique soutenue du Cap-Vert, comme l’industrie
touristique, le taux élevé d’investissement qui est monté à 48% du PIB en 2008,
et une utilisation efficace de l’aide publique au développement (APD). Le
Cap-Vert, Etat composé de dix îles, archipel où l’eau est rare, doit être une
source d’inspiration pour les autres pays à faible revenu.

«Le Cap-Vert vit une étape particulière et cruciale de son histoire. Nous sommes
en train de faire un saut vers la transformation économique du pays … Nous
espérons que la BAD va jouer un rôle de catalyseur dans le processus de
mobilisation des ressources, et qu’elle continuera à nous aider dans le
processus de transformation du pays», a déclaré José Maria Neves, Premier
ministre du Cap-Vert.

En tant que pays à revenu intermédiaire, le Cap-Vert a désormais un plus grand
accès à tous les guichets de financement de la BAD, qui aidera le pays à
poursuivre la mise en œuvre de sa stratégie de transformation de l’économie
(ETS). Le plafond de financement soutenable que le pays est en droit d’attendre
du guichet non concessionnel de la BAD pour la période 2010-2013 est
actuellement estimé à 98 millions d’UC (environ 110 millions d’euros). Dans le
même temps, le pays garde toute son éligibilité au solde actuel de 7 millions
d’UC (environ 8 millions d’euros) sur son allocation de 12 millions d’UC
(environ 13 millions d’euros) au titre du guichet concessionnel de la BAD, le
Fonds africain de développement.

Le pays a encore quelques défis à relever. Au premier rang de ces défis, son
insularité et sa configuration d’archipel, qui ont été la source de problèmes
techniques et financiers au développement de l’énergie, de l’eau et de
l’assainissement, ainsi que des transports. Sa situation géographique unique
provoque une hausse des coûts de production. D’autres défis ont trait à la
diminution des ressources en eau et à la salinisation progressive des eaux
souterraines des zones côtières, imputable au changement climatique.

Malgré ces défis, «le Cap-Vert est actuellement en train de devenir une plaque
tournante du transport maritime et aérien dans la région, en raison de ses
avantages concurrentiels, à savoir : la stabilité politique, la stabilité et la
consolidation macroéconomiques, la maturité institutionnelle, des ressources
humaines qualifiées, un secteur des TIC ultramoderne, entre autres», a déclaré
la ministre des Finances du pays, Cristina Duarte.

Le statut de pays à revenu intermédiaire entraîne de nouveaux défis et de
nouvelles attentes. Le Cap-Vert devrait consolider ses réalisations et migrer
avec succès d’une économie basée sur l’aide et les envois de fonds vers une
économie à croissance auto-entretenue, ce qui devrait conduire à des
transformations fondées sur les avantages concurrentiels du pays.