La Grèce se voit obligée de réduire ses dépenses militaires

photo_1272897691670-1-1.jpg
élicoptère de l’armée grecque en exercice à Athènes le 14 mai 2008. (Photo : Aris Messinis)

[03/05/2010 14:42:41] ATHENES (AFP) Confrontée à des difficultés financières sans précédent, la Grèce se voit obligée de réduire la voilure de ses dépenses militaires et de diminuer la tension avec la Turquie en mer Egée, raison essentielle de ses programmes d’armement, relèvent des experts à Athènes.

La Grèce qui entretient des relations compliquées avec son puissant voisin turc est l?un des pays de l?Union européenne et de l?Otan qui dépense le plus pour s?armer, par souci d?assurer un équilibre avec la Turquie.

Selon l?Otan, la Grèce a affecté 6,896 milliards d?euros en 2008 à ses dépenses d?armement, 2,8% de son PNB, et celles-ci restent parmi les plus importantes de l’UE, devant la Bulgarie, la France et le Royaume-Uni.

“La Grèce est accablée par le coût des armements liés à la menace turque”, a récemment déclaré le ministre de la Défense, Evanguélos Vénizélos. Ls dépenses de son ministère seront en 2010 de six milliards d’euros, soit 2,8% du PIB.

Fin février, le ministre-adjoint de la Défense, Panagiotis Béglitis, avait affirmé que les économies s?élèveraient à “quelque 700 millions” en 2010. Il avait alors assuré que le ministère était “dans une phase de réévaluation des besoins en prenant en compte l?urgence de la situation économique et sociale”.

Le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a indiqué dimanche, après l’adoption du plan de sauvetage financier de la Grèce par l’UE et le FMI, que les dépenses militaires de la Grèce seraient “nettement réduites” pendant les trois ans du programme de stabilisation.

“Les dépenses militaires vont baisser, c’est sûr, jusqu’à 10 à 15% en 2010, mais je ne vois pas de baisse spectaculaire de l’ordre de 20%”, a affirmé Thanos Dokos, expert des relations gréco-turques et de la défense à la Fondation hellénique des politiques étrangères et européenne (Eliamep).

Il existe “des marges de réduction dans le poste de fonctionnement et on attend des annulations ou des reports de programmes, notamment les plus coûteux, comme l’achat d’avions de chasse de la dernière génération”, a-t-il précisé à l’AFP.

“L’idéal, ce serait une réduction drastique et définitive des dépenses militaires. Mais c’est quelque chose que nous ne pourrons faire que de manière simultanée avec la Turquie”, a indiqué de son côté un responsable socialiste grec, sous couvert d’anonymat.

M. Dokos estime que “la relation gréco-turque domine la question des armements”.

“Avec la Turquie, rien n’a changé fondamentalement, les incursions de la chasse turque dans l’espace grec se poursuivent en mer Egée, je ne suis pas optimiste sur un accord gréco-turc de diminution bilatérale des armements, la Turquie a d’autres fronts que la Grèce”, a-t-il estimé à deux semaines d’une visite prévue à Athènes du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

Estimant que la Grèce et la Turquie “sont devenues esclaves de leur affrontement”, le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu avait appelé en décembre dernier dans un journal les deux pays à “se libérer de ce malentendu”.

“Nous devons nous libérer de ce malentendu, nous devons cesser de gaspiller de l’énergie et de l’argent dans une course aux armements et aux affrontements”, avait-il souligné.

Alors qu’il était ministre des Affaires étrangères, l’actuel Premier ministre Georges Papandréou s’était lancé dans un grand effort de rapprochement bilatéral après les séismes meurtriers de l’été 1999 qui avaient frappé les deux pays. Mais après une amélioration des relations économiques et culturelles, les tensions militaires en mer Egée ont repris le dessus.