Grèce : l’Assemblée nationale française vote le plan d’aide en urgence

photo_1272900411714-1-1.jpg
à Athènes. (Photo : Dimitar Dilkoff)

[03/05/2010 15:28:54] PARIS (AFP) L’Assemblée devait donner lundi soir son feu vert à la contribution française au plan d’aide d’urgence à la Grèce (16,8 milliards d’euros dont 3,9 dès 2010, sur un total de 110) dans un débat où le malaise d’une partie de la gauche empêche l’unanimité.

L’aide, sous la forme juridique d’un collectif budgétaire, sera ensuite transmise au Sénat pour une adoption définitive du texte dans la semaine. La France, comme les autres pays européens et le FMI, doit aller vite, pour lutter contre la spéculation des marchés sur la dette grecque. Il faut aussi que la Grèce puisse honorer l’échéance du remboursement de sa dette le 19 mai.

La contribution de la France représente 20,7% de l’aide de l’Union européenne (80 milliards d’euros, en plus des 30 du FMI, soit 110 au total). Cette contribution a été multipliée quasiment par trois ce week-end lors de la réunion des ministres de l’Economie de la zone euro.

“Dès lors que l’on passe sur un programme de trois ans, nous nous mettons en situation de pouvoir prêter 16,8 mds d’euros, au lieu des 6,3 mds prévus initialement”, a déclaré la ministre de l’Economie Christine Lagarde, qui doit prendre la parole à l’ouverture des débats à 18H00.

Dans les colonnes du Monde, Mme Lagarde a déjà évoqué “des contrats de prêts bilatéraux avec la Grèce, coordonnés par la Commission européenne. Ils atteindront 3,9 mds d’euros en 2010”.

“On ne fait pas un don ou une subvention. On prête au taux d’à peu près 5% à taux fixe”, souligne-t-elle. C’est-à-dire que l’opération devrait rapporter de l’argent au budget de la France.

photo_1272900248934-1-1.jpg
à l’Assemblée Nationale à Paris. (Photo : Olivier Laban-Mattei)

Sans surprise, l’UMP soutient sans réserve le gouvernement: “C’est un plan dont l’ampleur va permettre de dissuader les spéculateurs”, estime le porte-parole du groupe UMP pour le Budget, Jérôme Chartier. “C’est le premier geste d’une politique économique concertée de l’euro-groupe. C’est symbolique”.

Fait rare, le PS votera avec le gouvernement et sa majorité: “Je ne soutiens pas le gouvernement, je soutiens la Grèce et je soutiens l’euro. Nous ne sommes pas là dans un débat droite-gauche, nous sommes là dans un débat européen et un débat de principe”, a expliqué l’ex-premier secrétaire du PS François Hollande.

Le porte-parole du PS, Benoît Hamon (qui n’est pas député), a toutefois déclaré que son parti votait “l’aide à la Grèce mais pas le plan d’austérité” imposé aux Grecs en contrepartie de l’aide (suppression des 13e et 14e mois dans la fonction publique, hausse de la TVA…).

Figure de l’aile gauche du PS, M. Hamon a aussi qualifié de “curieuse cette conception de la solidarité qui veut qu’on emprunte à 3% pour prêter à 5% à la Grèce” en se faisant “des marges au passage”.

Pour leur part, la vingtaine de députés PCF et Front de gauche voteront contre le plan d’aide qui sert, selon eux, à “tirer bénéfice de cette opération en encaissant 160 millions de bonus”.

Ils doivent même défendre une motion de procédure et des amendements. Le texte avait pourtant été adopté à l’unanimité mercredi en commission des Finances – en leur absence.