Le pétrole atteint des sommets sur fond de marée noire

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érateurs sur le pétrole et le gaz naturel à Wall-Street à New-York, le 10 juin 2009 (Photo : Spencer Platt)

[03/05/2010 19:37:17] NEW YORK (AFP) Les prix du pétrole ont fini en légère hausse lundi à New York après avoir touché un nouveau plus haut depuis 19 mois, sur fond de marée noire dans le golfe du Mexique et de bons indicateurs aux Etats-Unis.

Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de “light sweet crude” pour livraison en juin a terminé à 86,19 dollars, en hausse de 4 cents par rapport à vendredi. Il est cependant monté en séance jusqu’à 87,15 dollars, son plus haut niveau depuis début octobre 2008, avant de limiter ses gains peu avant la clôture.

A Londres, sur l’InterContinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance identique a gagné 1,50 dollar à 88,94 dollars, après avoir grimpé jusqu’à 89,58 dollars, là aussi son plus haut niveau depuis octobre 2008. Les marchés britanniques étaient fermés pour cause de jour férié.

“On a eu des chiffres assez corrects du côté industriel aux Etats-Unis. Les prix du pétrole ont été en grande partie soutenus par des espoirs pour l’économie, et par la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique qui met en danger le forage offshore”, a indiqué Bart Melek, de BMO Capital Markets.

Les statistiques publiées lundi aux Etats-Unis ont montré une nouvelle progression des dépenses des consommateurs en mars et une accélération plus forte que prévu de l’activité manufacturière en avril.

Par ailleurs, le marché tentait d’évaluer les conséquences de la marée noire dans la région pétrolière du sud des Etats-Unis.

“Pour l’instant, l’impact a été mineur”, a rapporté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, rappelant que deux plateformes offshore de gaz naturel ont été fermées.

Les analystes de MF Global ont rappelé dans une note que la marée noire provoquée par l’Exxon Valdez en 1989 en Alaska, “n’avait pas offert beaucoup de soutien aux prix, qui s’étaient maintenus dans une fourchette de 19 à 21 dollars le baril dans les trois mois qui ont suivi”.

Selon eux, ce sont les conséquences inattendues de la catastrophe qui pourraient soutenir les prix: suspension de projets d’exploitation offshore, pétroliers redirigés pour décharger leurs cargaisons dans d’autres régions.

“Ce n’est pas une question de quantité, le marché fait face à une offre abondante. C’est plus une question de savoir si les couloirs maritimes qui permettent la livraison de brut domestique et importé aux raffineries vont être fermés”, a indiqué Mike Fitzpatrick, de MF Global.

En conséquence, les prix des produits raffinés se tendaient beaucoup plus nettement.

A plus long terme, la catastrophe pourrait avoir un impact sur les coûts de production.

“Je suppose que l’on va envisager une régulation plutôt agressive à un moment donné, quelques règles au moins seront mises en place”, a avancé Bart Melek.

Des sénateurs américains ont déposé lundi un projet de loi pour relever le plafond des indemnisations dues par les compagnies pétrolières en cas de dommages économiques de 75 millions à 10 milliards de dollars.

Mais les prix ont été limités par le fort raffermissement du dollar, en particulier face à l’euro qui n’est pas parvenu à reprendre de l’élan après le vote d’un accord sur l’aide financière accordée à la Grèce.

L’ascension des prix a aussi été ralentie par certains investisseurs qui ont jugé “que ce n’était peut-être pas un mauvais moment pour prendre des bénéfices”, selon Bart Melek.