L’euro sous 1,32 dollar, les prêts à la Grèce échouent à rassurer le marché

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èces d’un euro et un billet d’un dollar (Photo : Joel Saget)

[04/05/2010 10:00:19] LONDRES (AFP) L’euro évoluait mardi près de ses niveaux les plus bas depuis un an face au dollar, plombé par la crainte que la Grèce ne parvienne pas à redresser ses finances malgré les prêts, mais aussi par la peur d’une contagion de la crise au sein de la zone euro.

Vers 09H20 GMT (10H20 à Paris), l’euro valait 1,3133 dollar, contre 1,3187 dollar lundi vers 21H00 GMT, après avoir plongé vers 08H50 GMT jusqu’à 1,3128 euro pour un euro. La devise unique européenne avait touché un plus bas depuis un an, à 1,3115 dollar la semaine dernière.

L’euro était également en baisse face à la monnaie nippone, à 124,20 yens contre 124,71 yens lundi soir.

Le billet vert était quasi-stable face au yen, à 94,57 yens contre 94,55 yens la veille.

Malgré l’accord de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI) pour des prêts de 110 milliards d’euros sur trois ans, obtenu ce week-end par la Grèce, l’euro restait durement pénalisé par la crainte que ce pays ne parvienne pas à redresser ses finances publiques et que la crise ne s’étende à d’autres membres de la zone euro, ce qui pourrait compromettre la survie même de la monnaie unique.

“Même après le plan de sauvetage de ce week-end, l’euro n’est pas capable de se redresser face au dollar”, constate Ulrich Leuchtmann, économiste chez Commerzbank, pour qui “une reprise temporaire (de l’euro) n’est plus à espérer”.

Tout en jugeant le risque de défaut de paiement de la Grèce écarté à court terme, les experts estiment en effet que la Grèce est loin d’être tirée d’affaire et qu’elle pourrait entraîner dans sa chute d’autres pays fragiles de la zone euro.

“Des mesures d’austérité dures augmentent le risque de troubles sociaux, ce qui pourrait faire échouer la consolidation budgétaire”, s’inquiéte ainsi Lee Hardman, économiste chez Bank of Tokyo Mitsubishi.

En outre, “l’accord pourrait ne servir qu’à transférer les pressions du marché sur d’autres pays membres de la zone euro en position financière difficile”, ajoute M. Hardman

Autre épine dans le pied de la monnaie unique, la Banque centrale européenne a décidé lundi d’assouplir ses règles de crédit pour les obligations grecques, une mesure exceptionnelle prise pour la bonne cause mais en contradiction avec ses principes et susceptible d’écorner sa crédibilité.

Fondée sur une argumentation “douteuse”, cette décision “n’est pas exactement de nature à améliorer la crédibilité de la BCE et elle pourrait faire pression sur l’euro”, juge M. Leuchtmann.

La Grèce a dévoilé dimanche un plan de rigueur sans précédent visant à réduire son déficit public de 30 milliards d’euros supplémentaires sur trois ans pour le ramener fin 2014 en-dessous de 3% du produit intérieur brut (PIB). Le déficit a atteint l’an dernier près de 14% du PIB.

En échange, la Grèce a obtenu dimanche l’accord de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI), pour des prêts de 110 milliards d’euros sur trois ans, dont 80 milliards à la charge de la zone euro.