Le livre numérique, pas si cher que cela, révèle une étude

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ésentation sur un livre électronique du “Meurtre de Roger Ackroyd” d’Agatha Christie, le 15 octobre 2008 à la Foire de Francfort (Photo : John Macdougall/Archives)

[04/05/2010 17:11:47] PARIS (AFP) Tout et son contraire circule sur le prix des livres numériques : de cela “ne coûte rien” à cela coûte “plus cher” qu’un ouvrage papier… Une première étude table sur un prix de revient “relativement faible “des “ebooks”.

Rendue publique mardi, cette étude commandée par l’Observatoire du livre et de l’écrit en Ile-de-France (MOTif) à Hervé Bienvault, consultant indépendant auprès d’acteurs du livre et de la presse, conclut que “les coûts des ouvrages numériques sont relativement faibles”, surtout pour les nouveautés.

Les éditeurs ne publient plus un livre papier sans intégrer sa dimension “immatérielle”, relève l’étude qui a pris cinq modèles, du roman à la BD, en passant par le guide pratique illustré, l’essai ou le “beau livre”.

L’auteur a interrogé une vingtaine d’éditeurs, diffuseurs, distributeurs…

L’intégralité de l’étude est accessible sur le site www.lemotif.fr.

“Aucune étude fiable n’avait été réalisée jusqu’à présent sur les coûts réels d’un livre numérique”, souligne Vincent Monadé, directeur de l’Observatoire, et beaucoup d’affirmations relevaient du fantasme.

Cette révolution en marche s’apparente à ce que l’édition a connu voici cinquante ans avec l’irruption du livre de poche.

“On peut faire des livres numériques en espérant des gains rapides, notamment sur les nouveautés, c’est le message qui ressort de cette étude”, assure l’auteur qui projette les grandes lignes des équilibres financiers de demain et accorde généreusement 15% à l’auteur dans la part du gâteau, contre 8% aujourd’hui pour un livre papier. Les opérateurs télécoms sont également inclus (8%).

La profession espère que la TVA réduite à 5,5% et le prix fixe du livre seront aussi appliqués au numérique mais l’étude ne porte pas sur le prix de vente, qui dépend de la stratégie des éditeurs. “Nous avons étudié les prix de revient tels qu’ils se présentent pour des éditeurs qui se positionnent sur ce nouveau marché”, explique M. Bienvault à l’AFP.

Cette enquête ne considère pas non plus les coûts de création des ouvrages, ni les frais de structure des maisons d’édition qui sont déjà supportés pour les versions papier.

Dans un marché précoce comme celui du livre numérique, qui va se déployer sur une multitude de supports (internet, “liseuses” etc.), il y a un effort important d’investissement à faire pour les éditeurs, note l’étude.

Mais les seuils de rentabilité “ne semblent pas irréalistes : entre 50 et 500 exemplaires pour des nouveautés, de 200 à 800 exemplaires pour des livres à numériser sans contenu multimédias”, dit-il.

Ainsi, un roman vendu 12,99 euros pourrait être rentable à un peu plus de 200 exemplaires écoulés. Un beau livre avec 100 illustrations vendu 14,99 euros atteindrait son seuil de rentabilité à 847 exemplaires. “Avec le papier, si un éditeur n’a pas amorti la moitié de son tirage, il est mal”, relève l’auteur. Sans compter le prix du pilon.

Bien sûr, si les ouvrages numériques sont enrichis en multimédia, ce que réclameront les iPads et autres supports de lecture vidéo, il faudra en vendre deux fois plus.

Autre problème de taille : le coût des plateformes numériques (catalogue des offres), évalué à 500.000 euros, au minimum. Selon M. Bienvault, “ce serait plus simple de mutualiser une plateforme commune. En France, on en compte déjà 4 à 5, dont Numilog d’Hachette. Les Allemands, eux, en ont créé une unique pour l’ensemble des éditeurs. Ce serait bien de suivre leur exemple”.