édit Agricole (Photo : Loïc Venance) |
[06/05/2010 13:38:24] PARIS (AFP) Les banques françaises ont dévoilé ces derniers jours leurs engagements en Grèce, les plus élevés au monde, avec en tête le Crédit Agricole à hauteur de plus de 25 milliards d’euros.
On savait déjà que les banques françaises dans leur ensemble avaient des créances d’une cinquantaine de milliards d’euros en Grèce. Restait à savoir comment cette somme était répartie.
Comme prévu, l’essentiel des 53 milliards d’euros d’engagements ne concerne pas l’Etat grec –un peu plus de neuf milliards d’euros– mais le secteur privé: particuliers, entreprises et banques, selon les montants publiés par le Crédit Agricole, BNP Paribas, Société Générale et BPCE (Banque Populaire et Caisse d’Epargne).
Début avril, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer avait souligné cette caractéristique, censée tempérer l’inquiétude des marchés.
Ainsi, si l’Etat faisait défaut sur sa dette, les répercussions sur les portefeuilles de crédits au secteur privé ne seraient qu’indirectes.
Le Crédit Agricole et la Société Générale sont dans une situation particulière car elles possèdent en Grèce des filiales. Pour rassurer, les deux maisons mères soulignent qu’elles ont appliqué à leurs filiales les mêmes critères de gestion en vigueur dans le groupe.
Le Crédit Agricole a ainsi renouvelé en profondeur les équipes de direction d’Emporiki, racheté en 2006, et a nettoyé son portefeuille de crédits.
De l’avis général, les risques encourus par Emporiki sur ces prêts sont moindres que ceux d’une banque grecque non contrôlée par un groupe étranger.
Cela n’a pas empêché l’agence de notation financière Moody’s d’inclure Emporiki et Geniki, filiale de la Société Générale, dans le groupe des banques dont elle a abaissé la note vendredi.
Logo de BNP Paribas (Photo : Loïc Venance) |
A fin mars, Emporiki avait en portefeuille 23 milliards d’euros de crédits aux particuliers et aux entreprises et 3 milliards de créances sur d’autres banques. Les prêts consentis par Geniki se montaient eux à 4 milliards d’euros environ.
La dégradation de la situation en Grèce contraint Emporiki, Geniki, mais aussi les autres banques françaises à mettre en réserve des fonds pour faire face à d’éventuels non-remboursements de ces prêts.
Mais elles sont théoriquement à l’abri des deux principales menaces qui pèsent actuellement sur leurs consoeurs grecques.
Elles peuvent, d’abord, se refinancer à volonté auprès de leur maison mère, Crédit Agricole et Société Générale, qui bénéficient de la confiance de leurs pairs et peuvent elles-mêmes emprunter à des conditions satisfaisantes.
Emporiki et Geniki bénéficient, ensuite, de l’image de marque de leurs actionnaires français qui doit logiquement leur bénéficier en cas de retraits massifs des épargnants grecs.
En accord avec le gouvernement, les banques françaises ont accepté de maintenir leurs engagements en Grèce, tant envers l’Etat qu’envers particuliers et entreprises. Une décision volontaire qui résulte néanmoins d’une lecture rationnelle de la situation grecque.
S’en retirer de manière brutale les aurait ainsi contraintes à constater des pertes dans leurs portefeuilles, tout en alimentant la fièvre des marchés, qui les auraient immédiatement sanctionnées.
Une stratégie payante, pour l’instant, comme en témoignent les belles performances des titres des banques françaises jeudi à la Bourse de Paris, certes après plusieurs séances difficiles ces dernières semaines.