à Athènes le 6 mai 2010 où trois personnes ont été tuées en marge de manifestations (Photo : Dimitar Dilkoff) |
[06/05/2010 16:11:52] PARIS (AFP) La France devait adopter jeudi soir son plan d’aide à la Grèce, élément d’un plan global de la zone euro et du FMI qui n’a pas pour l’instant apaisé les multiples crises : violences en Grèce, chute de la monnaie unique et des bourses, peur d’une contagion à d’autres pays.
Par un vote au Sénat, trois jours après celui de l’Assemblée, le Parlement devait définitivement approuver un programme de prêts bilatéraux à la Grèce de 16,8 milliards d’euros sur trois ans, dont 3,9 dès 2010, à un taux de 5%.
Il s’agit de la contribution française aux 110 mds promis par les seize membres de la zone euro (80 mds, contre 30 prévus initialement) et le FMI (30), pour tenter de renflouer le déficit grec (13% du PIB).
Le gouvernement a présenté un amendement pour porter l’apport initial de la France (6,3 mds sur trois ans) à 16,8, proportionnellement à l’augmentation de l’effort décidée dimanche lors d’une réunion de la zone euro.
Sous la forme d’un collectif budgétaire, le plan a déjà été adopté par les députés, avec l’union sacrée de l’UMP et du PS, premier parti d’opposition.
Mais en trois jours, l’enchaînement des événements a pu donner des arguments aux rares élus qui plaident contre le plan et ses conséquences sociales en Grèce et pour la sortie d’Athènes de la zone euro.
Les bourses européennes sont toujours en repli par crainte d’une “contagion” de la situation grecque à l’Espagne ou au Portugal. L’euro continue de perdre de sa valeur.
Mercredi, trois personnes sont mortes à Athènes en marge de la grève générale contre le plan d’austérité qui va de pair avec l’aide (baisse des salaires dans la fonction publique, hausse des taxes, recul du départ de l’âge à la retraite).
Au Sénat, Christine Lagarde (Economie) devait répéter qu’elle serait “extrêmement vigilante” sur l’application des mesures d’austérité en Grèce.
émicycle du Sénat à Paris (Photo : Joël Saget) |
Les sénateurs PS devaient à leur tour voter pour avec l’UMP, arguant qu’il s’agit de l’unique solution pour sauver la Grèce de la faillite mais aussi la zone euro.
Les rares opposants, comme le sénateur Verts Jacques Muller, dénoncent “l’hypocrisie du gouvernement” : “Lorsque la France prête à un taux de 5%, alors qu’elle se fournit à 3%, cela est tout sauf de la solidarité!”.
Certains protestent aussi contre les réformes exigées des Grecs, “presque impossibles à réaliser”, selon l’eurodéputé Vert Daniel Cohn-Bendit.
A l’Assemblée, Nicolas Dupont-Aignan (ex-UMP) a souhaité que la Grèce sorte du “carcan” de l’euro pour pouvoir dévaluer à sa guise. Deux économistes, Marc Touati et Jean-Jacques Rosa, plaident pour la même solution.
Jean-Pierre Brard (PCF) a lui regretté que les banques ne soient pas mises à contribution. Favorable au plan, le député Nouveau centre Charles de Courson avait cependant observé : “Quelle est la part des 110 mds d?euros versés à l?Etat grec pendant deux ans et demi qui servira à rembourser les banques qui lui ont prêté ? Presque 50 %, à savoir à peu près 55 mds d?euros. Est-ce normal ? Je pense que non”.
En filigrane de ce débat, il y a aussi les déficits et la dette en France. Le gouvernement rappelle que le déficit budgétaire de l’Etat est de 152 mds d’euros en 2010, soit plus de 8% du PIB.
Pour ramener le déficit public (Etat, collectivités, Sécu) à 3% en 2013, les dépenses de l’Etat seront “gelées” pendant les trois années à venir, a annoncé jeudi François Fillon. Cela signifie qu’elles seront reconduites en valeur d’une année sur l’autre, sans tenir compte de l’inflation.