Sommet de crise à Bruxelles pour réformer la zone euro

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évrier 2010 lors d’un sommet à Bruxelles. (Photo : Eric Feferberg)

[07/05/2010 05:26:46] BRUXELLES (AFP) Les dirigeants de la zone euro se réunissent vendredi pour un sommet sous forte pression alors que l’Union monétaire est attaquée de toutes parts dans le sillage de la crise grecque et que les Cassandre prédisent sa disparition sans une réforme de fond.

Les chefs d’Etats et de gouvernements des seize pays partageant la monnaie unique se retrouvent à partir de 19H00 (17H00 GMT) pour cette réunion extraordinaire à Bruxelles.

“L’objectif est de formaliser l’accord sur les prêts à la Grèce (…). Il s’agit aussi de réfléchir aux enseignements que l’on peut tirer, de discuter de l’avenir de la zone euro”, a expliqué le secrétaire d’Etat espagnol aux Affaires européennes, Diego Lopez Garrido, dont le pays préside l’UE.

Le plan de sauvetage sans précédent de la Grèce de 110 milliards d’euros sur trois ans avec le FMI devrait avoir été ratifié vendredi par le Parlement allemand et un certain nombre d’autres pays.

Il en va “de l’avenir de l’Europe”, a dramatisé cette semaine la chancelière allemande Angela Merkel.

L’enjeu est de taille: la zone euro est attaquée sur les marchés et le taux de change de sa monnaie est tombée jeudi à 1,2737 dollar, son plus bas niveau depuis mars 2009.

Les marchés doutent que la Grèce, en proie à de vives tensions sociales, ne parvienne à redresser ses finances publiques. Ils craignent que la crise se propage à d’autres pays de la zone euro comme l’Espagne et le Portugal. Ils se demandent enfin si l’Union monétaire a les moyens de résoudre cette crise sans précédent depuis sa création en 1999.

Car la crise grecque a mis crûment en évidence les insuffisances de son fonctionnement.

Les dirigeants des 16 pays veulent se concentrer sur les moyens de renforcer la discipline budgétaire à l’avenir. Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont plaidé en ce sens jeudi.

Les chefs d’Etat et de gouvernement devront “adresser le signal qu’ils sont prêts à envisager pour la zone euro un renforcement de la surveillance budgétaire”, ont-ils écrit dans une lettre.

Cela passera par “des sanctions plus efficaces” mais aussi par un renforcement de “la cohérence entre les procédures budgétaires nationales et le Pacte de stabilité”, qui encadre la surveillance des déficits dans l’UE. Autrement dit une meilleure harmonisation des budgets nationaux.

L’Allemagne insiste surtout pour que les pays laxistes puissent être privés de certaines subventions européennes, de droits de vote dans l’UE et qu’un mécanisme de mise en faillite des Etats soit prévu. La France, elle, ne s’est pas clairement prononcée.

Mme Merkel et M. Sarkozy souhaitent aussi que le mécanisme de sauvetage de la Grèce soit pérennisé soit une forme ou une autre. Il faut “un cadre robuste pour la résolution des crises” à l’avenir, disent-ils.

Tous ces éléments vont dans le sens du “gouvernement économique européen” en débat depuis plusieurs mois, même si les avis divergent entre pays sur ce qu’il pourrait recouper.

La Commission européenne doit faire des propositions sur une meilleure gouvernance mercredi prochain.

Mais les Etats ne semblent pas encore prêts à franchir le pas d’une Union budgétaire, dont l’absence est considérée par de nombreux économistes comme l’une des raisons de la crise actuelle de la zone euro. Chaque pays reste jaloux dans ce domaine sensible de sa souveraineté.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn voudrait renforcer le contrôle des projets de budgets, en les soumettant à un avis européen avant qu’ils soient portés devant les Parlements nationaux.

Mais il s’est heurté jusqu’ici à des réticences de l’Allemagne.