Les Bourses en pleine tourmente, le sommet de la zone euro devra convaincre

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à la Bourse de Hong Kong, le 7 mai 2010. (Photo : Ed Jones)

[07/05/2010 10:43:51] BRUXELLES (AFP) Tous les regards étaient tournés vendredi vers Bruxelles où les dirigeants de la zone euro, sous pression, devaient formaliser l’accord sur les prêts à la Grèce et tenter d’enrayer une contagion à d’autres pays, soumis à des attaques spéculatives qui font plonger les Bourses.

En fin de matinée, les députés du Bundestag ont approuvé la participation de l’Allemagne, longtemps réticente, au plan de sauvetage financier de la Grèce qui avait elle-même adopté la veille des mesures d’austérité draconiennes dans un climat de violence sociale.

Les députés allemands ont donné leur feu vert à une aide de 22,4 milliards d’euros sur les 110 milliards prévus sur trois ans, quelques heures avant un sommet extraordinaire de chefs d’Etat et de gouvernement vendredi soir à Bruxelles sur la crise grecque et l’avenir de la zone euro.

Alors que les marchés restaient plongés dans la tourmente vendredi, la chancelière Angela Merkel avait qualifié de “très perfide” la veille l’attitude des banques, affirmant que les politiques étaient engagés dans un “combat” contre des spéculateurs qui jouent sur le fort endettement des Etats, qui ont laissé filer leurs déficits pour faire face à la grave crise qui a “plongé l’économie mondiale dans le précipice”.

“Nous devons maintenant démontrer clairement qu’en Europe, nous avons la force politique, chacun dans notre pays, de nous remettre sur la voie du Pacte de stabilité et de croissance. C’est un combat des politiques contre les marchés”, avait déclaré Mme Merkel.

Le président de l’Autorité française des marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet, a pour sa part annoncé vendredi que la France allait enquêter “par tous les moyens” sur “les rumeurs infondées” qui ont visé l’Espagne et l’Italie, qualifiées de maillons faibles de la zone euro par des analystes financiers. “Il y aura enquête et sanctions” contre les spéculateurs, a affirmé M. Jouyet.

Avant le sommet de Bruxelles, prévu pour commencer à 17H00 GMT, le Premier ministre démissionnaire belge Yves Leterme s’est prononcé pour une plus forte gouvernance économique et discipline de la zone euro, à l’instar de l’Allemagne et de la France, estimant que la crise grecque était une “chance historique” à saisir.

Cependant, les Bourses européennes étaient encore orientées à la baisse dans la foulée d’une chute historique de Wall Street, tandis que l’euro remontait légèrement après avoir touché son plus bas niveau depuis mars 2009.

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à la Bourse de New York (Photo : Timothy A. Clary)

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, avait pourtant donné de la voix jeudi, sans parvenir à rassurer. “Le Portugal n’est pas la Grèce, l’Espagne n’est pas la Grèce”, avait-il insisté, assurant qu’un défaut de paiement d’Athènes était pour lui “hors de question”.

Vers 09H50 (07H50 GMT) vendredi, la Bourse de Paris perdait 1,86%, Lisbonne 0,50%, Milan 0,81%, Madrid 1,04%, Amsterdam 1,64%, Athènes 2,38%, Londres 1,21% et Francfort 1,12%.

Les marchés d’Asie ont poursuivi leur net recul entamé la veille. A la Bourse de Tokyo, l’indice Nikkei a chuté de 3,10% en clôture, cumulant une perte de plus de 6% en deux jours. La Banque du Japon a dû injecter 2.000 milliards de yens (17,4 milliards d’euros) dans le circuit bancaire pour tenter d’apaiser les craintes.

La livre sterling était elle aussi en nette baisse vendredi, alors qu’aucun parti n’a emporté de majorité absolue aux législatives britanniques.

Autre nouvelle peu rassurante: le taux des obligations d’Etat grecques à dix ans a atteint un nouveau record historique à la hausse vendredi matin, à 11,776%.

Signe que l’inquiétude dépasse largement les frontières de la Vieille Europe, les ministres des Finances des grands pays industrialisés du G7 devaient tenir une conférence téléphonique vendredi sur la crise. Mais “je ne pense pas qu’il y aura des demandes d’intervention” pour soutenir l’euro, a déclaré le ministre japonais des Finances Naoto Kan.

Le G7 comprend l’Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l’Italie et le Japon.

La monnaie unique européenne était orientée à la hausse, quoique de façon modérée: à 08H47 GMT, un euro valait 1,2724 dollar, contre 1,2644 jeudi vers 20H00 GMT.

Alors que certains experts ont prédit que la monnaie unique ne survivrait pas à la crise, l’économiste américain Edmund Phelps, prix Nobel en 2006, a écarté cette idée, jugeant la situation “négative pour l’économie européenne” mais “pas catastrophique”.

C’est en tout cas au milieu de cette tourmente que l’Union européenne célèbrera ce week-end les 60 ans de son acte de naissance.