éputés allemands le 7 mai 2010 à Berlin (Photo : Axel Schmidt) |
[07/05/2010 12:43:52] BERLIN (AFP) Les députés allemands ont donné vendredi leur feu vert à la participation du pays au sauvetage de la Grèce, malgré un scrutin crucial dimanche pour la coalition d’Angela Merkel et une opinion publique hostile au prêt de plus de 22 milliards d’euros sur trois ans.
Le Bundestag (chambre basse) a adopté avec une confortable majorité (390 sur 601 présents) la loi qui permettra à la banque publique KfW de débloquer ses crédits pour Athènes.
La chambre haute du parlement allemand, le Bundesrat, où siègent les représentants des Etats régionaux, a donné quelques heures plus tard son aval au déblocage des fonds pour Athènes. La loi sur l’aide à la Grèce devait ensuite être signée par le président de la République, le tout avant le début du sommet européen à Bruxelles.
Le gouvernement a plaidé devant les députés pour la défense de l’euro et de l’Europe. “Pour les Allemands, avec leurs expériences particulières au 20e siècle, la stabilité de la monnaie n’est pas n’importe quoi”, a argumenté le ministre des Finances Wolfgang Schäuble, “c’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui”.
Selon un dernier sondage, 56% des Allemands sont opposés à des crédits à la Grèce.
Le gouvernement s’est longtemps cabré contre un soutien de la Grèce, face à une échéance électorale cruciale dans l’Etat régional le plus peuplé d’Allemagne, la Rhénanie-du nord-Westphalie. La coalition conservateur-libéraux de Mme Merkel pourrait perdre la majorité au Bundesrat (chambre haute du parlement) en cas de défaite dimanche, ce qui l’obligerait à composer avec l’opposition.
Angela Merkle, et le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaeuble le 7 mai 2010 au Bundestrat (Photo : Michael Gottschalk) |
Les tergiversations de la chancelière, qui voulait ménager ses électeurs et a cru jusqu’au dernier moment que les déclarations d’intention suffiraient à calmer les marchés, ont irrité les partenaires de l’Allemagne. En Grèce, elle est vue comme ayant aggravé les déboires du pays en refusant de s’engager plus tôt.
Et même en Allemagne sa popularité s’en trouve sérieusement écornée. Près de la moitié des Allemands (48%) considérait qu’elle n’a “pas très bien” voire “pas bien du tout” géré la crise grecque.
Ironie du sort, ses hésitations font que le déblocage de l’aide va coïncider avec le scrutin de dimanche. Si cela était intervenu plus tôt, “le courroux des électeurs aurait peut-être eu le temps de se calmer un peu d’ici aux élections”, relevait un cadre non identifié de son parti, cité par le quotidien Financial Times Deutschland vendredi.
Les élus du plus gros parti d’opposition, le Parti social-démocrate (SPD), se sont abstenus. Les Verts ont voté en faveur du plan, la gauche radicale (Die Linke) contre, en dénonçant “les talibans en costume rayé”. On grognait même au sein de la majorité. “Nous faisons tout cela avec de gros maux de ventre”, a déclaré lors du débat précédent le vote le député libéral (FDP) Otto Fricke. “L’adhésion de la Grèce à la zone euro était une erreur et nous le savions tous”.
L’Allemagne, première économie européenne, va supporter la plus grosse part des 80 milliards de prêts bilatéraux des partenaires européens de la Grèce, soit 8,4 milliards d’euros cette année et jusqu’à 14 milliards d’euros supplémentaires en 2011 et 2012.
Le deuxième plus gros contributeur sera la France, avec un apport de 16,8 milliards d’euros sur trois ans. Mais le débat public allemand sur la question a pris une ampleur inédite, l’opposition de la population ne fléchissant pas contre le “plus gros chèque de tous les temps”, selon le quotidien Bild, en campagne contre la Grèce.
Des euro-sceptiques devaient déposer plainte dans la journée auprès de la Cour constitutionnelle pour tenter de bloquer cette loi, mais les analystes comme le gouvernement jugeaient nulles leurs chances d’aboutir.