Les dirigeants de la zone euro au pied du mur, face à la tourmente financière

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à Bruxelles (Photo : Michel Euler)

[07/05/2010 19:10:47] BRUXELLES (AFP) Les leaders de la zone euro se sont retrouvés vendredi soir à Bruxelles pour lancer un message de discipline budgétaire et tenter de mettre ainsi un frein à la tourmente financière qui s’est mondialisée, inquiétant le président américain Barack Obama comme le G7.

La réunion s’est ouverte vers 18h25 GMT, avec près d’une heure et demie de retard, en raison d’un grand nombre de rencontres bilatérales préparatoires entre les dirigeants.

Alors que la crise grecque menace de se propager à d’autres pays d’Europe du sud et a fait dévisser cette semaine les Bourses du monde entier, les dirigeants des 16 pays partageant la monnaie commune devaient adresser un message de rigueur.

Ils comptaient ainsi promettre de durcir le Pacte de stabilité, qui encadre la surveillance budgétaire européenne, et de faire des économies supplémentaires “si nécessaire” pour réduire leurs déficits dans les années à venir, selon un projet de texte.

Ils devaient également approuver définitivement le plan d’aide de 110 milliards d’euros sur trois ans en faveur de la Grèce.

La chancelière allemande Angela Merkel, longtemps très réticente à ce sauvetage, a plaidé avant la réunion pour un durcissement de la discipline budgétaire européenne, y compris en modifiant les traités, ainsi que pour une nette “accélération” des efforts de régulation du secteur financier, souvent accusé d’avoir spéculé contre des pays présumés “maillons faibles”.

“Nous allons réaffirmer notre confiance dans nos économies et dans notre monnaie commune”, a assuré le Premier ministre grec Georges Papandréou, dont le gouvernement a fait adopter en échange du paquet d’aide une cure d’austérité draconienne, contestée dans son pays.

De son côté, le président Obama, qui a promis de protéger les investisseurs au lendemain d’une panique sans précédent à Wall Street, s’est dit d’accord avec Mme Merkel, avec laquelle il a parlé, sur la nécessité d’apporter “une réponse forte” à la crise, tant politique que financière, promettant le soutien de Washington “pendant cette période critique”.

Autre signe de cette inquiétude mondiale, les ministres des Finances des grands pays industrialisés du G7 ont, eux, tenu une conférence téléphonique d’urgence sur la crise qui agite les marchés, a annoncé un responsable d’un de ces Etats.

Les marchés ont achevé sur un dernier plongeon une semaine noire, la Bourse de Paris finissant à moins 4,60%. Francfort, comme Milan, ont perdu 3,27%, Londres 2,62%, Madrid 3,28%, Moscou plus de 5%, Bruxelles 4,33%, Athènes 2,86% et Lisbonne 2,94%.

La Bourse de New York a, quant à elle, ouvert en baisse, mais s’est ensuite reprise, et à la mi-journée le Dow Jones ne perdait plus que 0,05%.

Pour sa part, l’euro est légèrement remonté après avoir touché son plus bas niveau depuis mars 2009. Vers 18h00 GMT, il valait 1,2737 dollar contre 1,2644 dollar jeudi soir vers 21h15 GMT.

Plusieurs responsables ont vivement dénoncé “la spéculation” comme responsable de l’aggravation de la crise. Les marchés se défient de l’ampleur des déficits et de la dette publique dans de nombreux pays de la zone euro, qui ont laissé filer leurs comptes ces deux dernières années pour faire face à la récession mondiale.

En colère, la vice-présidente du gouvernement espagnol Maria Teresa Fernandez de la Vega a dénoncé “les attaques spéculatives inacceptables” qui ont fait plonger la Bourse de Madrid cette semaine, soulignant que le nouveau code pénal espagnol punira ces pratiques.

Les membres du Comité européen des régulateurs boursiers (CESR) ont quant à eux annoncé leur intention de faire particulièrement “attention aux écarts potentiels, au respect des règles et aux cas de manipulation de marché”.

Le président de l’Autorité des marchés financiers en France, Jean-Pierre Jouyet, avait plus tôt annoncé que son pays allait enquêter “par tous les moyens” sur “les rumeurs infondées” qui ont visé l’Espagne et l’Italie.

L’agence de notation financière Moody’s a, à cet égard, déclaré que l’Italie ne faisait pas partie des pays les plus à risque sur le plan budgétaire.

Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a, lui, comparé la situation de la Grèce à la banqueroute de la banque américaine Lehman Brothers, considérant qu’une faillite de la Grèce pourrait paralyser le système financier mondial et provoquer une récession planétaire.

Avant l’ouverture des places européennes, la Bourse de Tokyo avait terminé en forte baisse (-3,10%), cumulant une perte de plus de 6% en deux jours. La Banque du Japon a dû injecter 2.000 milliards de yens (17,4 milliards d’euros) dans le circuit bancaire pour tenter d’apaiser les craintes.