Plans de rigueur et austérité budgétaire : l’Europe au régime grec

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éen à Bruxelles (Photo : Michel Euler)

[08/05/2010 08:48:10] PARIS (AFP) Ebranlés par la crise internationale et en butte au scepticisme des marchés financiers qui s’inquiètent de la flambée des déficits, de nombreux pays européens ont dû, ou vont, se résoudre à une cure d’austérité budgétaire pour éviter de connaître le même sort que la Grèce.

La sévérité du plan grec, sans équivalent en Europe, est d’autant plus grande que le traitement est tardif. En échange d’une aide internationale massive, il prévoit une hausse des taxes tous azimuts, en particulier de deux points de TVA, et des coupes claires dans les salaires de la fonction publique et les retraites.

Mais avec un déficit autour de 14% du produit intérieur brut (PIB) en 2009 et une dette qui a explosé à 115,1% du PIB, “c’est l’avenir de la Grèce qui est en jeu”, a résumé le Premier ministre grec Georges Papandréou, pour faire passer cette potion amère.

Certains Etats placés eux aussi en difficulté budgétaire par la crise et scrutés à la loupe par les marchés financiers, comme le Portugal ou l’Espagne, avaient mieux anticipé le risque pesant sur leur capacité à emprunter. Mais malgré des plans d’austérité précoces, ils ne sont pas pour autant mis à l’abri d’une “contagion” de la crise grecque.

Le gouvernement espagnol a prévu 50 milliards d’euros d’économies pour ramener son déficit public de 11,2% en 2009 à 3% en 2013, limite imposée par Bruxelles. A la clef: diminution des dépenses, hausses d’impôts et de TVA, et remplacement de seulement un fonctionnaire de l’Etat central sur dix, soit un peu plus de 13.000 départs par an. Madrid exclut dans l’immédiat des mesures plus douloureuses.

Au Portugal en revanche, le gouvernement s’est toujours dit prêt à aller plus loin si nécessaire pour rassurer les marchés, malgré une réduction drastique des dépenses déjà programmée: gel des salaires des fonctionnaires, durcissement des conditions d’accès aux prestations sociales, etc. Hausses d’impôts et vaste plan de privatisations sont également au menu.

Jusqu’ici épargnée, l’Italie s’est à son tour retrouvée cette semaine dans la ligne de mire des marchés en raison de la situation de ses finances publiques, toutefois moins préoccupante que ses voisins méditerranéens. La dette italienne est très lourde (118,4% du PIB) mais la rigueur déjà mise en oeuvre a permis de limiter la progression du déficit l’an dernier. Le gouvernement italien a toutefois indiqué qu’il devrait davantage serrer le budget que prévu.

Dans une situation fragile également, l’Irlande, premier pays de la zone euro à être entré en récession, a pris dès 2008 des mesures de rigueur, encore renforcées à deux reprises l’an dernier. Parmi un catalogue très impopulaire, il a imposé une baisse générale des allocations sociales et une réduction de 5 à 15% des salaires des fonctionnaires.

Même les pays jugés financièrement solides ont dû se serrer la ceinture ou en tout cas revoir leurs ambitions à la baisse.

Dès septembre dernier, les Pays-Bas avaient annoncé une réduction de 20% de leurs dépenses publiques à partir de 2011 pour économiser 40 milliards d’euros.

La Finlande et le Danemark se préparent eux-aussi à passer au régime grec, comme le Royaume-Uni où tous s’accordent sur la nécessité de réduire les dépenses publiques encore plus sévèrement que sous l’ère de Margaret Thatcher.

Pays parmi les plus riches d’Europe, par tête d’habitant, le Luxembourg lui-même vient d’annoncer qu’il se mettait à la diète budgétaire, avec un gel des salaires des fonctionnaires pour les trois ans à venir et des hausses d’impôts.

L’Allemagne, qui bénéficie toujours avec la France de la meilleure note pour emprunter sur les marchés, n’a pas de plan d’austérité mais devra sans doute renoncer à ses baisses d’impôts. Et la rigueur y frappe fort au niveau communal ou régional.

Quant à la France, l’austérité vient de faire son entrée dans le débat politique en attendant de se concrétiser dans les actes budgétaires.