Portugal : face au risque de contagion, Socrates resserre la vis budgétaire

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é Socrates, le 28 avril 2010 à Lisbonne (Photo : Francisco Leong)

[08/05/2010 14:37:13] LISBONNE (AFP) Face au risque de contagion de la crise grecque, le Premier ministre portugais José Socrates a dû se résoudre à reporter plusieurs grands projets d’infrastructures et à anticiper de nouvelles mesures d’austérité pour accélérer la réduction des déficits publics.

Après avoir résisté pendant plusieurs mois aux appels de la droite, le Premier ministre socialiste, minoritaire à l’Assemblée, a finalement cédé, annonçant vendredi soir à Bruxelles l’ajournement de la construction du nouvel aéroport de Lisbonne ainsi que d’un troisième pont sur le fleuve Tage.

Ce report d’investissements, jusqu’alors jugés “essentiels” à la relance d’une croissance en panne, devrait permettre au Portugal de réduire son déficit public à 7,3% du PIB cette année, contre 8,3% prévus jusqu’alors, a affirmé M. Socrates.

“Ces travaux restent absolument indispensables à la modernisation du pays mais je pense qu’il est raisonnable que la situation financière se stabilise afin de pouvoir les lancer”, a déclaré M. Socrates, alors que les craintes d’une propagation de la crise grecque au Portugal se sont accrues depuis l’abaissement, le 27 avril, de sa notation souveraine par l’agence Standard and Poor’s.

La menace d’une nouvelle dégradation de note de la dette portugaise, mercredi par l’agence Moody’s, avait encore accentué la tension sur les marchés financiers, provoquant l’envolée des taux d’intérêt des obligations du Trésor qui ont atteint vendredi un maximum historique à plus de 6%.

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é Socrates s’entretient avec le président français Nicolas Sarkozy lors du sommet de crise à Bruxelles, le 7 mai 2010 (Photo : Michel Euler)

L’annonce de José Socrates intervient après que plusieurs hauts responsables du pays, notamment le chef de l’Etat ainsi que le gouverneur de la Banque du Portugal, ont appelé à un réexamen des investissements prévus en raison de la crise.

L’opposition de droite s’est aussitôt félicitée du “recul” du gouvernement alors qu’elle exigeait depuis des mois l’abandon de ces projets en raison du poids déjà colossal de la dette publique (142 milliards d’euros, 86% du PIB prévus en 2010).

M. Socrates a également annoncé qu’il allait discuter avec le chef du principal parti de l’opposition de droite, Pedro Passos Coelho, de “nouvelles mesures de consolidation budgétaire” afin qu’elles puissent être adoptées “à court terme”.

Pour réduire ses dépenses, le gouvernement a déjà imposé le gel des salaires des fonctionnaires jusqu’en 2013 et le plafonnement de nombreuses prestations sociales, notamment des allocations chômage, qui ont provoqué grèves et manifestations, sans connaître toutefois l’ampleur ou la violence de l’agitation sociale en Grèce.

M. Socrates a indiqué qu’il avait parlé avec M. Passos Coelho avant d’annoncer ses décisions, qui, a-t-il dit, “entrent dans le cadre” de la décision prise vendredi soir par les pays de la zone euro “d’accélérer les mesures de consolidation budgétaire pour rétablir la confiance des marchés”.

L’impact sur le budget de l’Etat de la suspension des investissements n’a pas été chiffré. La construction de l’aéroport, d’un coût global de 4,9 milliards d’euros, et du troisième pont sur le Tage, de 1,9 milliard, devait être majoritairement financée par des fonds privés et bénéficier d’aides de Bruxelles.

Mais, soulignait samedi Bruno Proença, directeur du Diario Economico, “le plus important, plus que l’impact budgétaire, c’est le message politique” envoyé aux marchés.

En dépit des demandes répétées de l’opposition, le gouvernement portugais a en revanche décidé de maintenir le projet de TGV Lisbonne-Madrid, dont le premier contrat de construction, d’un montant de plus d’1,4 milliard d’euros, a été signé samedi matin, l’ouverture de la ligne restant prévue en 2013 .