Israël invitée à rejoindre l’OCDE, cénacle des nations les plus riches

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Le logo de l’OCDE (Photo : Jean Ayissi)

[10/05/2010 13:09:40] PARIS (AFP) L’OCDE, club prestigieux qui réunit les 31 nations les plus riches, a invité lundi Israël à le rejoindre, une décision importante pour ce pays en quête de légitimité mais contestée par des associations pro-palestiniennes au motif qu’elle violerait les principes fondateurs de l’organisation.

Au terme de trois ans d’âpres négociations, Israël a reçu lundi le feu vert unanime des ambassadeurs de l’OCDE pour en devenir membre, en même temps que l’Estonie et la Slovénie.

Cette adhésion “constitue un succès historique, vu qu’elle donne une légitimité à Israël en tant que pays avancé et éclairé”, s’est félicité le ministre israélien des Finances Youval Steinitz.

Il n’a pas caché que cet accord avait été “difficile à obtenir, particulièrement dans le contexte actuel de la crise économique internationale”, et qu’il était le “fruit de quatre années d’efforts”.

La procédure d?adhésion est complexe car le candidat doit se soumettre à une série d’examens, menés par 18 comités spécialisés, qui cherchent à évaluer sa capacité à respecter les normes de l?OCDE dans un grand nombre de domaines.

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ège de l’OCDE à Paris pour protester contre l’éventuel adhésion d’Israël à l’organisation (Photo : Bertrand Langlois)

Selon une source diplomatique, la candidature d’Israël n’a “pas fait débat” au sein du “conseil des ambassadeurs”, qui s’est contenté d’adopter le rapport établi sur la base des examens réalisés par les comités. “Les débats ont eu lieu en amont, au sein des comités”, a-t-elle expliqué.

“La France a soutenu l’adhésion d?Israël, adoptée par consensus”, a confirmé le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero, selon qui Paris a “veillé à ce que le processus d?adhésion se déroule de manière objective et porte sur les critères techniques fixés par cette organisation internationale de nature économique”.

L’invitation faite à Israël, l’Estonie et la Slovénie de rejoindre l’OCDE récompense les “efforts déjà engagés” par ces pays pour “réformer leurs économies”, et en particulier “combattre la corruption” et “protéger les droits de propriété intellectuelle”, a justifié de son côté l’OCDE dans un communiqué.

Fondée en 1961, l’Organisation “regroupe les gouvernements attachés aux principes de la démocratie et de l’économie de marché”. Elle est particulièrement en pointe dans la lutte contre les paradis fiscaux et la lutte contre la corruption internationale.

L’OCDE avait adressé en janvier un bon point aux autorités israéliennes pour leur réponse face à la crise mondiale. Israël a vu son PIB progresser de 0,5% en 2009 et prévoit une croissance entre 3 et 3,5% en 2010.

Mais elle avait exhorté le pays à poursuivre ses efforts pour lutter contre la corruption internationale, en allusion aux soupçons de pots-de-vin ayant accompagné la signature de contrats de ventes israéliens à l’étranger ces dernières années.

Son secrétaire général, Angel Gurria, avait également invité le gouvernement à oeuvrer davantage contre les inégalités sociales, qui touchent en premier lieu les juifs orthodoxes et les femmes musulmanes.

L’OCDE n’a pas fait état d’autres questions susceptibles de différer, voire d’interdire l’accès d’Israël à l’organisation, comme celle de la participation des colonies, illégales du point de vue international, à l’économie du pays.

Selon le Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens, basé à Paris, l’OCDE aurait “défini un territoire économique israélien” incluant “le Golan syrien occupé, les territoires palestiniens de Cisjordanie occupés et Jérusalem-est illégalement annexée”.

Ce faisant, l’OCDE prend la “responsabilité, hors de son champ de compétence, d?entériner les annexions pures et simples d?Israël”, s’est indigné le collectif, qui a appelé à un rassemblement ce lundi à 18H30 (16h30 GMT) devant le siège de l’organisation économique.