L’Europe a impressionné les marchés mais les déficits demeurent

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ège de la Banque centrale européenne à Francfort (Photo : Thomas Lohnes)

[10/05/2010 14:24:35] PARIS (AFP) L’ampleur des mesures annoncées par les Européens va probablement ramener le calme sur les marchés financiers pour les mois à venir mais le plus difficile reste à faire: mettre en place une discipline budgétaire efficace dans la zone euro, estiment lundi les analystes.

“Impressionnant”, “l’UE a fait parlé la poudre”, “une contre-attaque nucléaire”: les économistes ne cachent pas avoir été impressionnés par les annonces faites à Bruxelles dans la nuit pour répondre à la crise de confiance qui secoue la zone euro.

Un total de 750 milliards d’euros entre l’Union européenne et le Fonds monétaire international: aucun d’entre eux ne s’attendait à un tel chiffre aussi rapidement, surtout après les difficultés rencontrées au début du mois pour accoucher du plan d’aide à la Grèce de 110 milliards d’euros.

“Les responsables politiques de la zone euro ont probablement surpris jusqu’aux plus optimistes des observateurs”, note Carsten Brzeski, économiste pour la banque néerlandaise ING.

Il faut ajouter la décision, inattendue et forte, de la Banque centrale européenne de racheter des obligations d’Etat ainsi que la réactivation par les grandes banques centrales mondiales du dispositif mis en place après la chute de Lehman Brothers pour garantir l’alimentation du système bancaire en liquidités.

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ées (Photo : Philippe Desmazes)

Contrairement à ce qui s’était passé après l’annonce du plan grec, les marchés ne semblaient pas douter lundi matin de la détermination des Européens: l’euro et les bourses ont fortement rebondi tandis que les taux d’intérêt des obligations grecques, espagnoles et portugaises se sont effondrés. Les paris sur un non remboursement de la dette de la Grèce et sur une propagation de la crise à d’autres pays ne sont plus de mise.

Mais le problème des finances publiques de la zone euro demeure et les marchés auront besoin de mesures concrètes pour être durablement rassurés.

Conscients de cette attente, les ministres des Finances européens ont précisé que l’Espagne et le Portugal annonceraient de nouvelles économies dans la semaine.

“Le défi est maintenant de reconstruire une intégration budgétaire active en commençant par des incitations plus fortes et applicables en faveur de la discipline budgétaire”, estime Marco Annunziata, chef économiste de la banque italienne Unicredit. “Les vraies décisions pour la survie à long terme de la zone euro restent à prendre”, ajoute-t-il.

Les mesures annoncées lundi “ne résolvent pas le problème budgétaire fondamental mais elles donnent aux pays plusieurs années pour agir”, note pour sa part Carsten Brzeski, chez ING.

Pour Guillaume Tresca, économiste sur le marché obligataire au Crédit agricole, le plan va apaiser les tensions sur les marchés à court terme mais “à lui seul le paquet (ndlr: de mesures) ne suffira pas à rétablir la confiance à moyen terme.” Pour cela, “il faudra des preuves de redressement budgétaire et des réformes structurelles renforcées”. Il se demande par ailleurs si le mécanisme arrêté dans la nuit de dimanche à lundi ne va pas au contraire alléger la pression sur les gouvernements pour réduire leurs déficits.

Enfin, si le fonds d’aide européen devait être utilisé pour soutenir un pays, la question se posera du processus de décision. “Comme exactement ces fonds seront-ils approuvés et financés?,” demande Neil Mellor, de Bank of New York Mellon. S’il faut passer par une approbation parlementaire “il reste à voir comment cela se passera en Allemagne compte tenu du fait que le gouvernement vient de perdre sa majorité à la chambre haute”, remarque-t-il.