Cure d’austérité en Grèce : le système de retraites touché de plein fouet

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évoquant la crise et les mesures d’austérité, le 10 mai 2010 à Athènes. (Photo : Dimitar Dilkoff)

[10/05/2010 20:02:14] ATHÈNES (AFP) Le gouvernement grec a adopté lundi sa réforme des retraites, mesure phare d’une cure d’austérité imposée en contrepartie du sauvetage financier du pays, prévoyant des coupes claires dans les pensions et dénoncée par les syndicats qui ont annoncé une nouvelle manifestation mercredi.

Le gouvernement socialiste, revenu au pouvoir en octobre, tente d’obtenir un consensus politique sur son plan d’austérité, le plus drastique qu’ait connu la Grèce, promis à l’Union européenne et au Fonds monétaire international (FMI) en échange d’une aide de 110 milliards d’euros pour lui éviter la banqueroute.

Mais les retraites illustrent la difficulté de réformer. “Le système des retraites grec est très fragmenté. C’est l’un des seuls systèmes européens qui n’a pas été réformé et il a besoin d’être adapté aux réalités de ce siècle”, explique Platon Tinios, expert à l’Université du Pirée près d’Athènes.

“La réduction moyenne des retraites, progressivement d’ici à 2030, sera de 7%”, a affirmé devant la presse le secrétaire d’Etat à la protection sociale George Koutroumanis détaillant l’avant-projet avant son dépôt au parlement.

Hommes et femmes devront travailler plus longtemps, avec une hausse de l’âge moyen de départ en retraite qui passera de 61,4 à 63,5 d’ici 2015, a pour sa part souligné son ministre, Andréas Loverdos, s’exprimant en conseil des ministres.

“Nous sommes devant un dilemme historique: permettre ou éviter l’effondrement du système” des retraites, a-t-il estimé. Un problème partagé par d’autres pays d’Europe qui repoussent l’âge de départ en retraite.

Mais les deux hommes sont restés confus sur les chiffres et dans leurs explications.

Conscient des sacrifices demandés, le Premier ministre Georges Papandréou a appelé tous les Grecs à s’unir pour faire de “grands changements” et “laisser la Grèce d’hier”, à l’issue d’une réunion exceptionnelle des chefs de partis sous la présidence du chef de l’Etat, Carolos Papoulias.

Signe que le pari est encore loin d’être gagné, le parti communiste et le Syriza (Coalition de gauche), qui représente 10% des députés au parlement, ont boycotté la réunion.

Pour l’heure une majorité de Grecs dit préférer des mesures d’austérité afin d’éviter la banqueroute du pays, 55,2% selon un sondage publié dimanche.

Le gouvernement craint toutefois une explosion sociale après les débordements qui ont provoqué la mort de trois personnes dans une banque incendiée pendant des manifestations mercredi. Le pays avait alors été quasi-paralysé par une grève générale, la troisième depuis février.

Les deux grandes centrales syndicales du privé et du public ont d’emblée annoncé une nouvelle manifestation mercredi.

“Les mesures d’austérité vont réduire ma retraite de 2.600 euros par an”, se lamente Stavroula Zerdeva, une retraitée de soixante ans de la Banque de Grèce qui perçoit 1.400 euros par mois, après 23 ans d’activité.

Comme de nombreux autres, elle se dit “choquée que ceux qui ont toujours honoré leurs impôts payent la facture pour les erreurs des politiciens pendant 30 ans”.

La Grèce est scrutée par le reste des pays de l’UE qui ont trouvé un accord à l’arraché lundi sur un plan de secours historique de plusieurs centaines de milliards visant à endiguer une crise financière menaçant de gagner toute la planète.

La Bourse d’Athènes a elle salué le plan historique européen, finissant à plus de 9% lundi, partageant l’euphorie des autres Bourses mondiales. Toutefois, l’agence de notation Moody’s a affirmé qu’elle envisageait toujours un “abaissement significatif” de la note de la Grèce, censée déterminer sa capacité à rembourser, n’excluant pas de la dégrader au rang des pays à risques.