Logo de Telefonica (Photo : Dominique Faget) |
[11/05/2010 11:11:20] MADRID (AFP) Le géant espagnol des télécoms, Telefonica, qui souhaite depuis des années prendre le contrôle total de l’opérateur brésilien Vivo, a fait une offre massive d’environ 6 milliards d’euros à Portugal Telecom, qui en contrôle la moitié avec lui et qui a rejeté cette proposition.
Telefonica a présenté le 6 mai une offre liante de 5,7 milliards d’euros à Portugal Telecom pour ses 50% de Brasilcel, holding qui détient 60% de Vivo, a annoncé mardi le groupe, très implanté en Amérique latine, et qui veut se renforcer au Brésil, moteur économique de cette région en expansion.
Telefonica détient les 50% restants de Brasilcel. En cas de succès, il envisage de lancer une OPA sur une partie de Vivo, portant le total de l’opération à 6,3 milliards d’euros.
L’offre était valable un mois mais Portugal Telecom (PT) l’a rapidement rejeté, à l’unanimité du conseil d’administration.
“Vivo est un actif essentiel pour la stratégie de PT et la vente de cette participation irait à l’encontre des perspectives de développement à long terme de PT”, a indiqué le groupe.
Vivo est un joyau, que Telefonica veut à tout prix, ne se satisfaisant plus de la simple cogestion et voulant disposer d’un opérateur intégré fixe+mobile. Telefonica possède déjà au Brésil une filiale de téléphonie fixe, Telesp.
En 2003, quand Telefonica et PT s’étaient alliés pour constituer Vivo, ils avaient annoncé vouloir en faire “le plus important opérateur de téléphonie mobile d’Amérique du sud”.
“Portugal Telecom et Telefonica ont tôt identifié le potentiel du marché brésilien des télécoms”, écrit Telefonica dans son offre, ajoutant que “Vivo a enregistré des performances exceptionnellement bonnes (…) obtenant un leadership incontesté sur le marché brésilien des mobiles”.
En 2006 déjà le PDG de Telefonica, Cesar Alierta, s’était dit prêt à acheter la part de PT, et en 2007 avait couru la rumeur d’une offre de trois milliards d’euros.
Aujourd’hui, “l’offre est bien au-delà des 3,4 milliards d’euros que nous estimons être la juste valeur de Vivo”, a déclaré l’analyste de BCP Karsten Sommer.
A la Bourse de Lisbonne, l’annonce a fait exploser la cotation de PT qui a gagné jusqu’à 20% dans la matinée.
A 09H39 GMT, l’action gagnait 8,74% à 7,74 euros dans un marché en recul de 2,72%. A Madrid Telefonica reculait de 4,11% à 15,87 euros, à l’unisson d’un marché en baisse de 4,06%.
Telefonica, un des géants européens du secteur, est déjà largement implanté dans toute l’Amérique latine, et a fait de ce continent le moteur de sa croissance, la vigueur économique latino-américaine venant soutenir l’affaiblissement des marchés plus mûrs en Europe, embourbés dans la crise.
“Dans un contexte général de détérioration macroéconomique au niveau mondial, les économies latino-américaines ont été notablement stables en 2009, et les perspectives pour 2010 pointent vers une reprise économiques évidente”, analysait en février Telefonica.
Le Brésil fait figure d’eldorado pour de nombreuses entreprises espagnoles comme Telefonica, le groupe bancaire Santander, ou le pétrolier Repsol.
Outre ses visées sur Vivo, Telefonica est entré dans le capital de Telecom Italia (il détient indirectement environ 10% du capital), qui possède aussi un opérateur de mobiles au Brésil, TIM Brasil. Selon des informations de presse, Telefonica aimerait mettre la main sur TIM Brasil pour posséder tout seul un opérateur mobile.
Autre indice de l’intérêt de Telefonica pour le pays: il a tenté fin 2009 d’empêcher le français Vivendi d’y prendre pied. Telesp, a présenté une offre d’achat concurrente à celle du français pour acquérir un groupe de services télécoms GVT. Mais Vivendi a finalement emporté le morceau.