Grèce : nouvelle manifestation contre la rigueur, l’aide du FMI attendue aujourd’hui

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à Athènes (Photo : Louisa Gouliamaki)

[12/05/2010 09:09:07] ATHENES (AFP) Les syndicats organisent une nouvelle manifestation à Athènes ce mercredi alors que la Grèce doit recevoir une première aide du Fonds monétaire international, dans le cadre d’un plan de sauvetage financier du pays accordé en contrepartie de mesures d’austérité drastiques.

“Le FMI apportera 5,5 milliards d’euros aujourd’hui et nous attendons un versement de l’Union européenne en début de semaine prochaine”, a indiqué le ministère des Finances.

Le ministère avait précisé la veille avoir envoyé une lettre à la Commission européenne, à la Banque centrale européenne (BCE) et au Fonds monétaire international demandant un premier versement de 20 milliards d’euros, sur un programme de 110 milliards d’euros sur trois ans, adopté définitivement vendredi. L’UE doit elle verser 14,5 mds d’euros de cette première tranche d’un mécanisme international inédit pour sauver la Grèce de la banqueroute, sous forme de prêts bilatéraux.

Une aide qui devrait permettre à Athènes d’honorer mercredi prochain le remboursement de quelque 9 milliards de prêts obligataires. Le gouvernement avait reconnu fin avril ne pas pouvoir emprunter pour rembourser, du fait de l’envolée des taux du marché.

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à Washington (Photo : Michael Spilotro)

En échange de l’aide, le gouvernement socialiste grec de Georges Papandréou s’est engagé à mener un plan d’austérité d’une sévérité inédite avec une réduction du déficit, qui frôlait 14% du PIB en 2009, de 30 milliards d’euros pour le ramener en 2014 sous le seuil européen de 3% du PIB.

Parmi les mesures douloureuses, figure la suppression des 13e et 14e mois pour les retraités et des 13e et 14e mois pour les fonctionnaires. Le gouvernement entend également reculer de plusieurs années l’âge de départ à la retraite d’ici à 2015 et réduire le montant des retraites de 7% en moyenne.

Reconnaissant que ce programme est “dur” pour la population, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a assuré n’avoir “aucun doute” sur l’efficacité du plan, alors que certains experts redoutent une récession. Ces réformes “vont prendre un certain temps, mais la demande (intérieure et extérieure) va remonter”, a-t-il dit.

Si une majorité de Grecs, environ 55% selon des sondages, semblent pour l’heure accepter la nécessité de faire des sacrifices, le gouvernement craint des débordements, comme lors de la journée de grève nationale, la troisième depuis février, qui avait quasiment paralysé le pays mercredi dernier.

Trois personnes avaient péri dans une banque incendiée à Athènes, en marge des défilés qui avaient rassemblé plus de 50.000 personnes dans la capitale et à Salonique, la deuxième ville grecque (nord).

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à Athènes (Photo : Dimitar Dilkoff)

Les principales centrales syndicales du privé, GSEE et du public Adedy, dont les dirigeants respectifs sont aussi des hauts-responsables du parti socialiste, ont appelé à une nouvelle manifestation contre l’austérité et la réforme des retraites, prévue mercredi en fin de journée dans le centre d’Athènes. 5.000 personnes avaient participé au dernier rassemblement de ce type jeudi dans la capitale de 5 millions d’habitants, où de petites manifestations contre la rigueur ont lieu quasi quotidiennement.

“Les travailleurs, les retraités et les chômeurs demandent que ce soient les riches qui payent la crise et les impôts, et non les travailleurs”, a affirmé à l’AFP une porte-parole de la GSEE.

Même ton de l’Adedy, qui dénonce des réformes “injustes”. “Les travailleurs vont devoir payer pour la crise (…) alors que ce sont les riches qui doivent payer des impôts. Ils cachent leurs revenus. Ils volent nos allocations sociales”, a renchéri une porte-parole de l’Adedy.

Le Front syndical communiste, Pame, a pour sa part dénoncé une réforme où “tous les droits des assurés sont exécutés de sang-froid”.