é Luis Rodriguez Zapatero lors d’une conférence de presse le 8 mai 2010 à Madrid (Photo : Dani Pozo) |
[12/05/2010 12:34:33] MADRID (AFP) Le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a annoncé mercredi de dures mesures d’austérité sous la pression des marchés, de l’UE et de Barack Obama, dont une baisse des salaires des fonctionnaires, pour tenter de restaurer la crédibilité financière du pays.
La semaine dernière encore, au coeur de la tempête boursière qui s’abattait sur l’Espagne, il avait écarté toute mesure additionnelle à son plan d’austérité de 50 milliards d’euros pour ramener les déficits publics de 11,2% du PIB en 2009 à 3% en 2013.
Mais l’Espagne, 4e économie de la zone euro, dont elle est devenue un maillon faible, a dû céder dimanche à la pression des pays de la zone euro qui ont approuvé un plan massif de 750 milliards pour défendre la monnaie unique.
M. Zapatero a détaillé mercredi au parlement une accélération douloureuse de la réduction des dépenses publiques, de 15 milliards supplémentaires en 2010 et 2011, qui ne modifie pas le cap global qu’il s’est fixé pour 2013.
La Commission européenne a prudemment salué des mesures qui vont “dans la bonne direction”.
M. Zapatero a annoncé une baisse moyenne des salaires des fonctionnaires de 5% à partir de juin, leur gel en 2011, la suppression de la revalorisation automatique de retraites et la fin d’une aide de 2.500 euros aux familles.
Il a également fait part entre autres de la suppression de 6 milliards d’investissements publics, d’une coupe de 600 millions dans l’aide au développement.
à la Bourse de Madrid le 5 mai 2010 (Photo : Pierre-Philippe Marcou) |
Outre la pression des partenaires européens, M. Zapatero a été pressé d’agir fermement par le président américain Barack Obama qui l’a appelé mardi.
Selon le quotidien espagnol Expansion, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a également appelé M. Zapatero.
Le chef des conservateurs espagnols Mariano Rajoy a durement critiqué l'”improvisation” de M. Zapatero, l’accusant d’avoir, par ses tergiversations, fait de l’Espagne un “pays sous protectorat”.
“Monsieur Zapatero a vu la lumière (…). Ils (les partenaires européens) lui ont imposé des devoirs, dicté les chiffres et fixé les délais”, a-t-il lancé.
M. Zapatero s’était jusqu’à présent bien gardé de risquer de briser la paix sociale qui règne en Espagne, malgré un chômage de 20% de la population active, record absolu de la zone euro.
Les grands syndicats, qui n’ont pas pour habitude de contester durement le pouvoir socialiste, ont toutefois timidement réagi, se contentant d’évoquer de probables mobilisations.
Avec ces mesures, M. Zapatero a mangé son chapeau a plus d’un titre.
Au plus fort des attaques spéculatives contre l’Espagne la semaine dernière, il avait soutenu mordicus qu’il n’adopterait pas de mesures d’austérité supplémentaires pour ne pas entraver la timide reprise économique (+0,1% du PIB au 1er trimestre), au terme d’une profonde récession entamée fin 2008.
M. Zapatero a également reconnu mercredi que “la croissance pour l’année à venir serait inférieure de quelques décimales” à la prévision officielle de 1,8%, jugée candidement optimiste par beaucoup d’analystes.
Il a également dû se résoudre à couper dans l’aide au développement, alors qu’il se targuait de faire de l’Espagne l’un des sinon le premier pays riche à atteindre les Objectifs du millénaire de l’ONU de consacrer au moins 0,7% du PIB au développement.
M. Zapatero s’est défendu d’improviser, affirmant que nul ne pouvait prédire la panique qui s’est emparée des marchés la semaine dernière.
L’Espagne s’était brutalement retrouvée sous le feu d’investisseurs semblant craindre qu’elle ne prenne le même chemin que la Grèce, qui a due être sauvée de la banqueroute par l’UE et le FMI.
Les annonces de M. Zapatero n’ont pas fortement affecté la Bourse de Madrid.