Plus de 100.000 lits (sur un total de plus de 230.000, ndlr) -ont entre 20 et 30
ans, et 70 hôtels seulement –sur 800- ont un site Internet, alors que le web est
utilisé par un nombre sans cesse grandissant de touristes et de professionnels
du tourisme. Ces faits mettent en lumière le retard accumulé par le tourisme
tunisien au fil des ans. En les rappelant, mardi 11 mai 2010, lors d’un débat
avec les députés, le ministre du Tourisme,
M. Slim
Tlatli, voulait démontrer la nécessité pour ce secteur de «relever de
nombreux défis nés des changements rapides et profonds» du marché mondial.
Le premier changement concerne «les attentes, et la manière de consommer,
c’est-à-dire de voyager, qui ne sont plus les mêmes». Idem pour les réseaux de
distribution, puisqu’il «ne reste plus que cinq à dix acteurs sur le marché
international», et la distribution dans laquelle Internet occupe une place de
plus en plus importante. Le changement a également touché la concurrence. «Il y
a quinze ou vingt ans, nos concurrents c’étaient la Grèce et l’Espagne.
Aujourd’hui, nous avons en face de nous de nouveaux concurrents ayant des moyens
de promotion développés», observe le ministre du Tourisme. Enfin, le produit
n’est plus un mais multiple :
tourisme culturel, environnemental,
thalassothérapie, etc.
Or, le tourisme tunisien «reste essentiellement balnéaire», constate M. Tlatli.
Pour cette raison, les quatre mois de l’été «représentent plus de 50% du chiffre
d’affaires du secteur».
L’étude stratégique engagée il y a près d’une année, c’est-à-dire du temps de
M. Khalil Laajimi, et dont les recommandations seront prêtes en juin,
tracera la feuille de route permettant d’atteindre les objectifs fixés. Il va
falloir agir selon «trois orientations stratégiques : le produit, le
développement de la politique promotionnelle et l’amélioration de la
compétitivité», et «deux axes horizontaux : l’endettement du secteur et
l’introduction des TIC», précise le ministre. La diversification du produit
étant une entreprise de longue haleine, l’action va s’engager plus rapidement
dans d’autres domaines, comme la promotion.
Une autre étude stratégique va être lancée «à la lumière de laquelle nous
arrêterons un plan promotionnel» dont l’application «commencera au début de
l’année prochaine», annonce M. Tlatli. Un «comité de réflexion» est déjà à pied
d’œuvre qui travaille sur «la manière d’augmenter le budget promotionnel» -celui
des pays concurrents est deux à trois plus important- et doit proposer des
solutions qui seront prises en compte dans la loi de finances pour l’année 2011.
Le développement de l’utilisation des technologies de l’information et de la
communication (TIC) par les opérateurs est un autre axe essentiel pour l’avenir
du secteur. Car il permettra de diversifier les fournisseurs –c’est-à-dire les
Tours opérateurs- et, partant, de sortir la Tunisie de la «dépendance» dans
laquelle elle se trouve à leur égard.
Invités à révolutionner leurs conceptions et méthodes, les opérateurs du
tourisme auront leur mot à dire lors d’une consultation qui discutera les
conclusions de l’étude stratégique. Mais une fois qu’ils l’auront fait, il leur
faudra retrousser les mandats et se mettre –autrement- au travail, pour
rattraper le temps perdu.