Austérité : les fonctionnaires espagnols mobilisés, tour de vis au Portugal

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é Luis Rodriguez Zapatero, le 12 mai 2010 au Parlement à Madrid

[13/05/2010 16:58:00] MADRID (AFP) La cure d’austérité annoncée mercredi par le gouvernement espagnol a aussitôt dégradé le climat social avec l’annonce jeudi d’une grève générale des fonctionnaires, au moment où le Portugal adoptait un nouveau tour de vis budgétaire en réponse aux exigences des pays de l’euro.

Les fédérations de la fonction publique des deux grands syndicats espagnols, CCOO et UGT, ont appelé jeudi à une grève générale sectorielle le 2 juin contre la baisse de salaire de 5% dès juin et leur gel en 2011, que le gouvernement socialiste veut imposer aux fonctionnaires.

Ces deux fédérations ont convoqué des manifestations le 20 mai dans tout le pays contre cette baisse de salaire inédite en plus de 30 ans de démocratie.

Les confédérations vont soutenir ces mouvements mais excluent pour l’instant d’étendre le conflit à tous les secteurs, ont déclaré leurs leaders après une réunion tendue avec le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero.

“Il aurait été irresponsable de notre part de convoquer tête baissée une grève générale qui contribuerait probablement encore plus à la détérioration économique du pays”, a estimé le secrétaire général de CCOO, Ignacio Fernandez Toxo.

M. Zapatero, sous la pression des marchés et de certains partenaires de la zone euro, a annoncé mercredi une série de mesures d’austérité additionnelles en 2010 et 2011 pour accélérer la réduction des déficits publics, brisant son tabou de ne pas toucher aux dépenses sociales.

Il prévoit notamment, outre la baisse de salaire des fonctionnaires, de geler la revalorisation de certaines retraites et de supprimer une aide à la naissance de 2.500 euros.

Au Portugal voisin, le gouvernement socialiste a emboîté le pas et va faire avaler à son tour une potion amère d’austérité à ses administrés.

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é Socrates, le 28 avril 2010 à Lisbonne (Photo : Francisco Leong)

Le Premier ministre José Socrates a notamment annoncé jeudi une hausse de la TVA d’un point – à 21% pour le taux général -, la réduction des “salaires des titulaires de postes politiques et des gestionnaires publics”, ainsi qu’une baisse des dépenses de l’Etat. Une surtaxe sera appliquée sur les bénéfices des grandes entreprises supérieurs à 2 millions d’euros.

“Ces mesures supplémentaires sont fondamentales pour défendre notre économie, (…), mais aussi pour défendre l’Europe et la zone euro”, a plaidé M. Socrates.

Les syndicats portugais ont appelé à manifester le 29 mai et la centrale UGT, réputée proche des socialistes, a jugé “inacceptable” la hausse de la TVA sur les produits de base.

En Grèce, pays détonateur de la crise budgétaire qui a ébranlé toute la zone euro ces derniers mois et où les manifestations contre l’austérité ont entraîné de violents incidents, le gouvernement a annoncé jeudi la création d’un “comité de crise” face aux “annulations massives de réservations” touristiques.

Après la Grèce, l’Espagne et le Portugal se sont à leur tour retrouvés dans le collimateur des marchés en raison de la forte dégradation de leurs finances publiques et de leurs faibles perspectives de croissance.

Ils avaient déjà adopté des mesures d’austérité, mais certains investisseurs semblaient craindre une version ibérique de la tragédie grecque, quand Athènes a dû être sauvé de la banqueroute par l’UE et le FMI.

La pression des marchés est retombée depuis l’adoption dimanche par les 16 pays de la zone euro d’un plan massif de soutien pour la zone. En contrepartie, certains pays européens, dont l’Allemagne, ont réclamé aux pays ibériques des efforts supplémentaires.

Les marchés n’ont pas sur-réagi aux annonces de grève en Espagne. L’Ibex-35 a fini en baisse de 1,11% à 9.977,5 points, et au Portugal, l’indice PSI-20 a fini en baisse de 0,77% à 7.324,05 points.