à Manhattan, le 19 avril 2010 (Photo : Spencer Platt) |
[13/05/2010 22:47:03] NEW YORK (AFP) Huit grandes banques internationales, dont le Crédit Agricole, se retrouvent sur la sellette aux Etats-Unis au sujet de leurs agissements pendant la crise, alors que les débats au Congrès sur la réforme financière s’intensifient.
Les informations se multiplient sur des enquêtes lancées tous azimuts par les autorités américaines, un mois après l’annonce d’une plainte du gendarme américain de la Bourse, la SEC, contre Goldman Sachs et l’un de ses traders, le français Fabrice Tourre.
La SEC les accuse d’avoir trompé des clients de la banque d’affaires en leur vendant des CDO, produits dérivés adossés à des prêts immobiliers à risque, les fameux “subprime” à l’origine de la crise financière.
Cette enquête concerne d’autres banques, dont l’américaine Citigroup, qui a indiqué récemment répondre à des “demandes de documents et d’informations de la SEC et d’autres agences gouvernementales” en relation avec les “subprime”.
Selon le Wall Street Journal de jeudi, la justice américaine enquête également sur la façon dont les banques ont vendu des produits liés aux subprime, en particulier les américaines Goldman Sachs, Morgan Stanley et Citigroup, ainsi que l’allemande Deutsche Bank et la suisse UBS.
Parallèlement, le ministre de la Justice de New York, Andrew Cuomo, enquête sur la possibilité que les grandes banques aient fourni des informations trompeuses aux agences de notation qui évaluaient les CDO.
Bank of America, dont la filiale Merrill Lynch est visée, Citigroup, le Crédit Agricole et Deutsche Bank ont confirmé jeudi avoir reçu la veille une notification des services d’Andrew Cuomo, ajoutant “coopérer” à l’enquête.
D’après le New York Times, Goldman Sachs, Morgan Stanley, UBS et Credit Suisse sont également concernées. Elles se sont refusées à tout commentaire.
“Toute action judiciaire contre une banque est grave mais on n’en est qu’au stade préliminaire”, remarque Gregori Volokhine, stratège boursier de Meeschaert New York, interrogé par l’AFP. Jusqu’à présent, “les banques sont parvenues à des accords à l’amiable” sans aller jusqu’au procès.
Pour lui, l’enquête ouverte par le ministre de la Justice de New York est surtout négative pour les agences de notation. “On pouvait avoir déjà beaucoup de doutes sur leur objectivité”, et ces nouvelles informations portent encore un coup à leur crédibilité, estime-t-il.
La chaîne financière CNBC indiquait jeudi soir que les trois plus grandes agences de notation, Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch, étaient également visées par l’enquête d’Andrew Cuomo.
Une enquête ouverte ne débouche pas systématiquement sur l’ouverture de poursuites, notamment dans des affaires financières telles que celle des ventes de subprime. Il est difficile de prouver que les banques, qui ont toutes essuyé de fortes pertes pendant la crise et dans la foulée de l’effondrement du marché immobilier américain, ont sciemment trompé leurs clients.
Les analystes de Credit Suisse reconnaissent toutefois dans une note qu'”à court terme, cette mauvaise presse pose un risque et que la perspective d’une régulation” renforcée reste une menace.
Pour John Coffee, professeur de droit à l’université de Columbia, “nous nous dirigeons vers un règlement à l’amiable” généralisé, car Goldman Sachs, seule banque visée par une plainte pour le moment, “ne se singularise plus et la culpabilité d’aucun acteur ne ressort particulièrement”.
Les révélations sur ces enquêtes arrivent à point nommé pour l’administration Obama, qui essaie de faire adopter au Congrès une vaste réforme de la réglementation financière et qui entend notamment proposer un meilleur contrôle de l’immense marché des dérivés jusqu’à présent très opaque.