Une éventuelle hausse des tarifs de l’électricité inquiète les consommateurs

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électricité (Photo : Mychèle Daniau)

[14/05/2010 14:50:07] PARIS (AFP) L’éventuelle hausse des tarifs qui pourrait résulter, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), de la réforme du marché de l’électricité, inquiète les associations de consommateurs, quelques semaines à peine après une forte hausse des prix du gaz.

“On sent bien qu’il y a une pression pour l’augmentation des tarifs de l’électricité”, relève Thierry Saniez, délégué général de la Confédération de la consommation, du logement et du cadre de vie (CLCV), même s’il rappelle que le gouvernement a fermement démenti toute hausse des prix.

Obligé, par le projet de loi de réorganisation du secteur, dit “Nome” (Nouvelle organisation du marché de l’électricité), de revendre jusqu’à un quart de sa production nucléaire à ses concurrents (GDF Suez, Poweo, Direct Energie…), EDF n’entend pas brader cette manne.

Mercredi, le patron de l’électricien public, Henri Proglio, a demandé une tarif minimum de 42 euros par mégawattheure (MWh) devant la Commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale.

Pour la CRE, qui a souligné que ces projections n’engageaient qu’elle, si EDF obtenait gain de cause, il faudrait relever les tarifs bleus (destinés aux particuliers et petits professionnels) de 11,4% une fois la réforme votée, puis de 3,5% par an entre 2011 et 2025.

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

“Je crois qu’on a de quoi être inquiets”, avance Valérie Gervais, de l’association Force Ouvrière consommation (Afoc) et présidente de ConsoFrance, qui fédère neuf associations de consommateurs: “Cela ressemble à des sondes lancées pour voir ce que les gens son prêts à accepter ou pas”.

“La CRE +prépare+ déjà la population aux futures augmentations de tarifs”, renchérit Arnaud Faucon, secrétaire national de l’Association pour l’information et la défense des consommateurs salariés-CGT (Indecosa-CGT).

Le projet de loi de réforme du marché prévoit précisément, à l’image de ce qui s’est déjà passé pour le gaz, que ce sera désormais la CRE, et non plus le gouvernement qui fixera les tarifs de l’électricité, rappelle-t-il.

Demandant aux pouvoirs publics de réaffirmer “solennellement et clairement” qu’il n’y aura pas de hausse des tarifs, M. Saniez estime que “le débat nous ramène à un mauvais souvenir”: celui de l’ancien PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, qui avait demandé à l’été 2009 une hausse des prix de 20% sur trois ans, ce qui lui avait coûté son poste.

Le parc nucléaire français permet pour le moment à la France de disposer de tarifs de l’électricité parmi les plus bas d’Europe. Charges incluses et hors TVA, il était en 2009 de 115 euros par MWh pour les particuliers, au 8e rang de l’Union européenne, et inférieur de 27% à la moyenne de l’UE, selon des chiffres du Commissariat général au développement durable.

Soulignant l’avantage que représente ce parc, M. Saniez s’interroge sur le fait que la France ne soit pas en première place: “Déjà, on peut s’interroger, alors si on nous dit que ces prix-là doivent remonter… En exagérant à peine, on va finir par se demander: +quel intérêt d’avoir ce parc électro-nucléaire?+”.

“Si vous augmentez les prix de l’électricité, les premiers touchés vont être les personnes les plus fragiles”, avance en outre M. Faucon. “Pratiquement 50% des logements des personnes à revenus modestes sont équipés en convecteurs électriques: cela va les toucher de plein fouet”.

Quelques semaines après l’annonce d’une hausse des tarifs du gaz pour les particuliers de 9,7%, M. Saniez s’interroge plus largement: “Quelles seront les conditions d’accès aux services essentiels pour les consommateurs demain”, évoquant les prix de l’électricité, du gaz, mais aussi de l’immobilier ou de la téléphonie.