Dette publique : le FMI lance un appel à l’action, et quelques pistes

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Logo du FMI (Photo : Brendan Smialowski)

[14/05/2010 16:24:59] WASHINGTON (AFP) Le Fonds monétaire international a lancé vendredi un nouvel appel à la réduction de la dette publique, parlant de risques budgétaires qui “se sont accrus” dans les plus grandes économies mondiales, et distillant quelques pistes pour ses Etats membres.

“Les risques budgétaires se sont accrus, en particulier dans les économies développées”, a affirmé le FMI dans la troisième édition de son “Rapport de surveillance budgétaire multinational”.

L’organisation a cité “trois raisons: les tendances budgétaires sous-jacentes se sont encore détériorées depuis le rapport de novembre, les marchés financiers ont davantage concentré leur attention sur les faiblesses budgétaires, et les progrès dans la définition des stratégies de sortie budgétaires ont été lents”.

La persistance de déficits publics élevés, qui oblige les Etats à emprunter actuellement des sommes sans précédent, a été depuis le début de l’année la source de fortes perturbations sur les marchés financiers mondiaux. La question est devenue dans de nombreux pays un des sujets les plus sensibles du débat politique.

“Je n’ai pas besoin de m’étendre beaucoup là-dessus: les marchés font plus attention aux développements budgétaires”, a observé lors d’une conférence de presse à Washington le directeur des Affaires budgétaires du FMI, Carlo Cottarelli.

Le FMI a, à deux reprises cette année, relevé ses prévisions de croissance mondiale. Mais pour lui, malgré cette amélioration des perspectives économiques le redressement des finances publiques est insuffisant, et la tendance reste mal orientée.

La dette publique moyenne des pays du G20 passerait ainsi de 76,6% du produit intérieur brut en 2010 à 82,2% en 2014. Dans les pays les plus avancés du G20, cette moyenne passerait de 104,4% en 2010 à 115,5% en 2014.

“Même si l’activité mondiale est en train de rebondir plus vite que projeté auparavant, les perspectives budgétaires ne s’améliorent pas dans les mêmes proportions”, a déploré le FMI.

“Des niveaux élevés d’endettement public pourraient peser sur la croissance économique pendant des années”, a-t-il ajouté. Il estime que si les pays développés ne reviennent pas au niveau de dette d’avant la crise de 2008-2009, leur potentiel de croissance “pourrait être diminué de plus de 0,5% par an, un effet tout à fait considérable lorsqu’il se cumule sur plusieurs années”.

Alors qu’en novembre le Fonds entrevoyait une réduction du déficit budgétaire de l’équivalent de 8% du PIB pour les pays développés sur les vingt prochaines années, il a porté cet objectif à 8,75%.

Cela exigera des choix compliqués. “Il faudra qu’il y ait un consensus politique suffisant bien entendu dans la mise en oeuvre de ces mesures qui sont difficiles, mais cela s’est déjà produit par le passé”, a expliqué M. Cottarelli.

Le FMI a rappelé la stratégie qu’il conseille: réduire les dépenses par habitant (hors effet du vieillissement) et réformer la fiscalité pour “lever des recettes supplémentaires d’une manière efficace et équitable”.

Certains conseils sont valables pour tous, comme limiter voire geler la progression des salaires de la fonction publique, ou taxer davantage l’immobilier. D’autres diffèrent en fonction des situations particulières.

En Europe, le FMI voit la majorité de l’effort dans les dépenses sociales, en éliminant par exemple toutes les incitations à la surconsommation de soins. Il suggère de reculer l’âge de la retraite de deux ans.

Aux Etats-Unis, les taxes sur l’essence pourraient être relevées de 30 cents, et une TVA fédérale devrait être créée, avec un taux suggéré à 10%. Au Japon, où cette TVA est très basse, elle pourrait être doublée.