éléphones mobiles. (Photo : Jay Directo) |
[15/05/2010 07:07:59] STOCKHOLM (AFP) Lancée commercialement depuis six mois à Stockholm et à Oslo, la quatrième génération de téléphonie mobile fait des débuts timides dans les capitales nordiques friandes de nouvelles technologies, avant une vraie percée attendue dans le monde dans deux ou trois ans.
Besoin de nouveaux téléphones, investissements massifs, modèle économique restant à trouver, contexte de crise: le très haut débit mobile fait face à plusieurs obstacles.
Seuls “quelques centaines, quelques milliers” de Suédois et de Norvégiens ont souscrit à l’offre 4G lancée -une première mondiale- par l’opérateur nordique TeliaSonera en décembre au centre-ville de leurs capitales, sur un potentiel de près de 400.000 personnes.
Le réseau de TeliaSonera est en train d’être étendu à 25 villes suédoises et quatre villes norvégiennes.
Mais l’offre se limite pour l’instant à l’internet mobile ultra-rapide, 5 à 10 fois plus performant que les réseaux précédents, qui permet un affichage quasi-immédiat des pages web, et un transfert rapide des gros fichiers comme photos et vidéos.
Pour les téléphones eux-mêmes, il faudra attendre. Quelques premiers modèles compatibles sont attendus cette année, pour le marché américain, mais il faudra de longs mois avant de disposer d’une véritable offre.
“Pour les téléphones, nous disons: +oubliez pour l’instant+”, souligne Lars Klasson, vice-président de TeliaSonera chargé des services mobiles. “Nous sommes un tout petit marché, les constructeurs attendent les grands, les Etats-Unis et le Japon, pour bouger”.
C’est aux Etats-Unis et au Japon que les principaux réseaux sont en cours d’installation pour les opérateurs Verizon, AT&T et NTT Docomo. Dans un contexte de crise et d’économies, leurs homologues européens cherchent plutôt à améliorer leurs réseaux 3G existants, soulignent industriels et analystes.
“Le vrai développement de la 4G devrait avoir lieu vers 2012-2013”, estime Greger Johansson, analyste télécom du cabinet Redeye.
A peine sortis d’une vague d’investissements pour la 3G, les opérateurs rechignent à repasser à la caisse pour payer des licences -en cours d’attribution en Allemagne- et des nouveaux réseaux, un investissement estimé à 2 milliards d’euros pour 50 millions d’habitants.
“Si les régulateurs essaient de maximiser leurs revenus avec les licences, cela se fera au détriment des investissements en réseaux”, avertit M. Klasson de TeliaSonera, qui a déboursé 50 millions d’euros pour sa licence 4G en Suède, mais seulement 1 million en Finlande.
Autre enjeu, sur le modèle économique cette fois: les opérateurs doivent-ils continuer à proposer des offres à prix plafonnés ou se tourner vers des facturations proportionnelles au trafic?
“C’était intelligent de lancer des offres à prix fixes pour attirer les clients”, estime Mats Granryd, directeur du géant télécom suédois Ericsson pour les pays nordiques. “Mais si les opérateurs continuent dans cette voie, le volume croissant va être de plus en plus déconnecté de la facturation et le secteur risque de suffoquer. Il faut qu’ils sortent de ce système”.
Cependant, “les clients sont très attachés à pouvoir contrôler leurs coûts. Il va falloir trouver un juste milieu”, remarque Urban Nyblom, chargé d’un laboratoire de la consommation chez Ericsson.
L’essor du très haut débit semble néanmoins inéluctable: en quelques années seulement, le volume du trafic dédié aux données a rattrapé le trafic par la voix, qu’il vient de dépasser.
Selon Ericsson, le nombre d’utilisateurs de l’internet mobile dans le monde devrait passer de 400 millions aujourd’hui à près de 3,5 milliards d’ici à 2015, soit presque autant que le nombre d’utilisateurs actuels de téléphones mobiles.