Fortes turbulences à la Bourse de Paris qui manque de confiance

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ège de la Bourse de Paris (Photo : Eric Piermont)

[15/05/2010 10:44:01] PARIS (AFP) La Bourse de Paris a à nouveau connu de fortes turbulences cette semaine en tenant de récupérer de ses secousses du début du mois (+4,9%), mais reste fragile dans un environnement déprimé par la faiblesse de l’euro et marqué par un manque de confiance sur la santé de l’Europe.

De fait, le CAC 40 a connu des variations exceptionnelles, signe de la nervosité des investisseurs: lundi, l’indice vedette progressait de près de 10%, une hausse quasi-historique et vendredi il cédait plus de 4,5%.

Au total, d’un vendredi à l’autre l’indice vedette a gagné 167,7 points pour s’inscrire à 3.560,36 points. Depuis le début de l’année il a cédé 9,55%.

Après sa chute vertigineuse de la semaine passée (-11,11%), la Bourse s’est employée à corriger sa déroute. Lundi elle a fait preuve d’un excès à la hausse (+9,66%) saluant l’annonce du plan européen avant de récupérer un rythme plus maîtrisé les séances suivantes, mais sans direction précise. Car les incertitudes et les interprétations rendent le marché hésitant et volatil.

Pour preuve vendredi le marché a fortement décroché, entraîné à la baisse par les valeurs financières, les craintes sur la cohésion de l’Europe et le repli de Wall Street.

On aurait pu imaginer après l’annonce du plan européen de 750 milliards d’euros pour aider les pays en difficultés, un retour au calme. Or il n’en est rien pour le moment car les investisseurs, rassurés par cette aide potentielle et l’engagement des gouvernements à juguler leurs déficits, ont commencé à s’inquiéter de l’impact sur la croissance des mesures de rigueur.

Par ailleurs si le plan de secours massif adopté le week-end dernier a permis d’apaiser les inquiétudes immédiates sur une contagion de la crise grecque, les questions sur sa mise en application restent entières, note Jean-Louis Mourier, stratégiste obligataire chez Aurel.

Autant d’éléments qui continuent à peser sur l’environnement européen et dont l’euro fait les frais.

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Evolution de l’euro face au dollar depuis novembre 2008

La semaine a en effet été marquée par la faiblesse persistante de la devise européenne, conséquence d’un manque de confiance des investisseurs qui se sont reportés sur le dollar et l’or. Signe de cette défiance, l’euro a plongé à ses niveaux les plus bas face au dollar depuis 18 mois.

Et la baisse de l’euro qui pourrait avoir des effets positifs sur les entreprises françaises en dopant leurs activités à l’exportation n’apporte aucun réconfort. “C’est bien la preuve que cette baisse correspond à un manque de confiance dans la zone euro et à une fuite de capitaux”, souligne M. Mourier.

“Les étrangers délaissent clairement le marché parisien, ils s’inquiètent des cures d’austérité et des conséquences sur une croissance déjà molle”, notent les analystes de Global Equities.

Aux interrogations sur la santé de l’Europe se sont ajoutées les inquiétudes sur l’amorce de ralentissement économique des pays émergents et au premier rang d’entre eux la Chine, a indiqué M. Mourier.

A plus long terme tout n’est pas noir pour autant. Car selon M. Mourier, “les évolutions boursières de ces dernières semaines ainsi que la baisse de l’euro rendent le marché français vraiment très peu cher par rapport à Wall Street. A un moment, les fondamentaux vont reprendre le dessus et cela devrait permettre un rebond”, prévoit-il.

Les valeurs financières, ont une nouvelle fois payé un lourd tribut à cette crise de confiance et font les frais des doutes des investisseurs: depuis le début de l’année la Société Générale a perdu 27%, le Crédit Agricole 22% et la BNP Paribas 13%.

La semaine prochaine sera riche en indicateurs économiques et notamment avec les premiers chiffres sur l’activité de mai aux Etats-Unis et des indicateurs immobilier. En Europe les investisseurs surveilleront le baromètre ZEW des milieux financiers allemands pour mars. Mercredi la Grèce va devoir rembourser 8,5 milliards d’euros de dette, opération qui sera suivie par les investisseurs tout comme jeudi le Trésor espagnol qui va procéder à l’emission d’obligations à 10 ans pour un montant encore non précisé.