Des cartes bancaires (Photo : Joel Saget) |
[16/05/2010 08:02:24] PARIS (AFP) Près de trois ans après leur arrivée dans les poches des Français, les cartes de crédit associant une banque et une marque se sont multipliées, les banques y voyant un bon moyen de conquérir un public plus large, malgré l’absence de réelles retombées financières.
Nées dans les années 1980 aux Etats-Unis, ces cartes dites “comarquées” portent le logo de Mastercard ou Visa et offrent les mêmes possibilités que des cartes classiques tout en permettant de bénéficier des avantages liés à la marque et sans changer de banque.
Elles satisfont par exemple le passionné de l’OM qui peut assister à des matchs de gala de son club préféré, mais proposent aussi des réductions chez Carrefour ou aux Galeries Lafayette, ou permettent encore de reverser à la Croix-Rouge quelques centimes lors de chaque paiement.
Les deux tiers de ces cartes sont proposés par des grandes enseignes, le reste par des clubs sportifs ou des associations caritatives.
Depuis octobre 2007, date de leur lancement en France, on compte plus de 75 modèles, recense Thierry Dinard, consultant chez Alténor Consulting, mais il n’existe encore aucune donnée sur le nombre de cartes de ce type en circulation.
“C’est une belle évolution”, plus qu’une révolution, observe Pierre-Olivier Nau, directeur marketing de Mastercard France, cette tendance restant encore à mille lieues des pratiques américaines où le consommateur jongle avec plusieurs cartes, souvent gratuites.
Prudentes au départ, les banques n’ont pas tardé à tenter l’aventure et à emboîter le pas des grandes enseignes, profitant d’une relation de proximité avec leurs clients.
Chez Société Générale, qui place une carte comarquée pour cinq vendues, “on est très satisfait”, reconnaît Frédéric Arroyo, responsable du marketing et du développement des cartes bancaires.
Le succès est souvent au rendez-vous quand le contenu est en phase avec les attentes de la clientèle. La carte du Crédit Agricole M6 destinée aux jeunes, qui proposent par exemple des téléchargements de musique, est à ce titre un franc succès.
Si les acteurs se multiplient, tous n’optent toutefois pas pour la même stratégie.
“Le modèle économique n’est pas arrêté et évolue toujours”, souligne M. Nau, même si, pour lui, “le consommateur est prêt à payer un peu plus pour une carte qui lui ressemble”.
Société Générale demande par exemple un surplus de 12 euros par an pour une de ces cartes de “collection” tandis que la Caisse d’épargne offre la carte OM sans frais supplémentaire.
“Les objectifs ont été dépassés”, explique un porte-parole de Caisse d’épargne, l’intérêt étant “la captation de nouveaux clients”.
Autre possibilité en devenir, la plupart des cartes “comarquées” propose aux clients d’utiliser des facilités de crédit avec paiement différé (du type crédit revolving), ce qui créé un risque pour les consommateurs surendettés.
Si les cartes “comarquées” font désormais partie du paysage bancaire, elles pourraient n’être toutefois qu’une étape vers encore plus de personnalisation.
Plusieurs banques ont déjà lancé une carte exclusivement réservée à la clientèle féminine, qui propose une assurance contre le vol de sac à main.
LCL est allé plus loin, en proposant une carte pour les étudiants, en partenariat avec le fabricant de cartes à puce Gemalto, qui permet de télécharger la photo de son choix pour quelques euros supplémentaires.
“Cela confère à la banque émettrice une image innovante”, juge M. Dinard, même s’il est encore trop tôt pour parler de réussite commerciale.
Pour, M. Nau, “c’est un pari qui peut-être gagnant. Tout tend actuellement à la personnalisation”.