Eurotunnel veut être une entreprise comme les autres

photo_1274027074023-1-1.jpg
à Paris. (Photo : Fred Dufour)

[16/05/2010 16:28:03] PARIS (AFP) Le groupe Eurotunnel, qui gère le tunnel sous la Manche, “veut être une entreprise comme les autres”, et à ce titre avoir droit à des aides comparables à celles dont bénéficient ses concurrents, plaide son PDG Jacques Gounon, dans un entretien à paraître lundi dans La Croix.

Maintenant que la question de la dette du groupe est réglée, “il nous faut attaquer d’autres injustices, comme les distorsions de concurrence”, déclare M. Gounon.

Les ferries, principaux concurrents d’Eurotunnel “ne payent pratiquement pas de charges sociales” et bénéficient des aides à la construction navale pour les nouveaux navires, tandis que les chambres de commerce qui gèrent les ports n’acquittent pas de taxe professionnelle, pointe-t-il.

“Lorsque mes équipages sont sous la mer, quelle différence y a-t-il avec un marin qui est sur la mer?”, interroge le patron d’Eurotunnel, regrettant que le dogme thatchérien qui veut que le tunnel sous la Manche ne bénéficie d’aucun soutien public soit toujours appliqué avec autant de rigueur.

De même, M. Gounon déplore que son entreprise n’ait pas droit aux mêmes subventions que les autres réseaux ferrés pour des travaux de modernisation imposés par la réglementation européenne.

“Certains réseaux ferroviaires bénéficient de soutiens financiers publics pour des sommes considérables, hors de proportion avec ce que cela coûterait pour le tunnel. Mais on me répond toujours +not any public penny+ (pas un sou public, ndlr), comme si Margaret Thatcher était la référence française”, soupire-t-il.

“Je vais peut-être être obligé de renforcer le contrôle qualité des Eurostar, c’est ma responsabilité de gestionnaire d’infrastructure”, déclare-t-il à propos du train reliant Paris et Bruxelles à Londres, dont cinq rames s’étaient trouvées coincées dans le tunnel à la veille de Noël, et qui a déploré douze autres pannes sur le seul premier trimestre.

S’appuyant sur son expérience de gestionnaire d’infrastructure, Eurotunnel ambitionne de vendre son savoir-faire hors de son domaine traditionnel, ajoute Jacques Gounon.

“Le jour où Réseau ferré de France (RFF) ouvrira la maintenance de son infrastructure à d?autres que la SNCF, cela pourra nous intéresser. Pour l?instant, le réseau français est entretenu par la SNCF, qui est un peu chère, si l?on en croit RFF. En France, en Grande-Bretagne et en Belgique, il existe un potentiel important. Ce marché finira bien par s’ouvrir”, explique-t-il.