La BCE menace de se transformer en “bad bank”, selon un économiste influent

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ésident de la BCE Jean-Claude Trichet donne une conférence de presse le 10 mai 2010 à Bâle (Photo : Sebastien Bozon)

[18/05/2010 07:14:11] BERLIN (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) menace de se transformer en “bad bank” en poursuivant ses achats d’obligations de pays de la zone euro à la situation budgétaire critique, a estimé un économiste influent, l’économiste en chef de Deutsche Bank, dans un entretien publié mardi.

La BCE “menace de devenir une +bad bank+ si l’opération n’est pas bientôt arrêtée”, a indiqué Thomas Mayer au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). Le terme “bad bank” désigne les structures de défaisance créées par les banques pour y transférer leurs actifs toxiques ou non stratégiques.

“Le marché craint que la BCE ne soit utilisée comme bassin de décantation et que son bilan ne se détériore”, selon M. Mayer, “car certains des Etats dont la BCE achète actuellement des obligations peuvent faire faillite, malgré le soutien qu’on leur apporte”.

Sur fond de crise de la zone euro, la BCE s’est engagée la semaine dernière à acheter sur le marché des obligations des pays les plus endettés, et qui se refinancent difficilement sur les marchés. Pour neutraliser l’effet potentiellement inflationniste de cette mesure, elle va éponger des liquidités sur le marché.

Pour M. Mayer, la BCE, qui a lancé une offensive médiatique dans la presse allemande pour défendre son action, n’en a pas moins clairement perdu en crédibilité en prenant l’engagement d’intervenir directement. Mais “on peut limiter les dégâts”, en faisant de ce soutien une mesure “exceptionnelle, temporaire et au volume limité”, selon lui.

Il y a quelques jours, le patron de la première banque allemande Deutsche Bank, le Suisse Josef Ackermann, avait fait parler de lui en mettant en doute lors d’une intervention télévisée la capacité de la Grèce à redresser ses finances publiques, s’attirant les commentaires acerbes du gouvernement allemand.

Pour M. Mayer, “les doutes sont légitimes” sur l’efficacité des mesures d’économies décidées par un certain nombre de pays européens, en premier lieu la Grèce.