L’UE et l’Amérique latine tentent de doper leurs échanges commerciaux

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ésident du Brésil Lula da Silva (G) et le président de l’Equateur Rafael Correa, le 18 mai 2010 à Madrid (Photo : Pierre-Philippe Marcou)

[18/05/2010 14:26:48] MADRID (AFP) Les dirigeants d’une Union européenne (UE) à la traîne de la reprise mondiale et ceux d’une Amérique latine en plein essor se sont réunis en sommet mardi à Madrid pour tenter de doper leur liens commerciaux, avec le président brésilien Lula da Silva en vedette.

Le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, dont le pays assure la présidence de l’UE, a appelé les dirigeants à favoriser “un saut qualitatif” dans l’intérêt bien compris de deux régions.

“La capacité de la croissance économique est dans l’ouverture des frontières et la libéralisation des frontières”, a lancé le dirigeant socialiste, en réponse aux craintes de certains pays européens, France en tête, de voir leur marchés envahis de produits agricoles brésiliens et argentins.

Le président permanent de l’UE, le Belge Herman Van Rompuy, a souligné que les échanges commerciaux “ont plus que doublé depuis 1990” et que l’UE est le premier investisseur en Amérique latine et le second partenaire commercial derrière les Etats-Unis.

L’UE et le bloc des pays d’Amérique centrale (Costa Rica, Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua, Panama) ont donné le ton en annonçant la conclusion d’un accord de libre échange après trois ans de négociations.

Lundi soir, l’UE avait annoncé la reprise officielle des négociations, rompues en 2004, avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay et Paraguay), en vue de parvenir à un accord similaire.

D’autres accords de libre échange bilatéraux devaient être annoncés mercredi à Madrid entre l’UE et le Perou et la Colombie, après celui signé il y a dix ans entre les Européens et le Mexique.

Face à une Europe embourbée dans la crise des déficits et dont la monnaie unique est chahutée, les pays sud-américains, jadis champions de l’inflation, ont clairement dit qu’ils entendaient traiter désormais d’égal à égal.

Le président péruvien Alan Garcia s’est payé le luxe d’exprimer “sa solidarité” avec la Grèce et l’Espagne “qui ont le courage d’affronter des circonstances difficiles” à l’heure où “la crise secoue l’Europe dont on croyait la force inébranlable”.

La présidente argentine Cristina Kirchner a salué l’ouverture des “difficiles” négociations entre UE et Mercosur, y voyant un “grand défi parce que c’est la question du protectionnisme qui est en jeu”.

“Nous voulons négocier en tant que partenaires, pas en tant que clients”, avait-elle lancé lundi soir.

Un accord UE-Mercosur créerait une zone de libre échange de 700 millions de personnes et doperait les exportations respectives des deux blocs de 5 milliards d’euros par an, notamment celles des produits industriels européens vers un Brésil en plein boom économique.

La France, à la tête d’un front de dix pays européens, s’oppose avec force à l’idée d’ouvrir son marché agricole aux pays du Mercosur, qui concentrent 20% de l’élevage mondial et 35% de la production de soja de la planète et qui sont premier exportateur mondial de maïs.

Symbole de cette Amérique latine se sentant le vent en poupe, le président brésilien Luiz Inacio Lula de Silva s’imposait comme la vedette de ce sommet, en l’absence du dirigeant cubain Raul Castro ou du bouillant vénézuélien Hugo Chavez, qui a boudé la réunion.

Le président Lula est arrivé de Téhéran auréolé de l’offre d’échange d’uranium que le Brésil a scellée, loin de sa sphère d’influence, avec la Turquie et l’Iran pour tenter de résoudre la crise du nucléaire iranien.

Il devait s’entretenir séparément avec le président français Nicolas Sarkozy et avec le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.