L’euro plonge au plus bas depuis quatre ans, sous 1,22 dollar

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èces d’un euro et un billet d’un dollar (Photo : Joël Saget)

[18/05/2010 21:11:37] NEW YORK (AFP) L’euro a plongé mardi à son plus bas niveau en quatre ans face au dollar, sous 1,22 dollar, après que l’Allemagne eut relancé les inquiétudes des marchés concernant la zone euro en annonçant vouloir s’attaquer à la spéculation.

Vers 21H00 GMT (23H00 à Paris), l’euro valait 1,2206 dollar contre 1,2394 dollar lundi soir.

La monnaie unique européenne baissait face au yen à 112,57 yens contre 114,66 yens la veille.

Le dollar reculait face à la devise japonaise à 92,21 yens contre 92,51 yens lundi soir.

La jeune monnaie européenne, en hausse en début de journée, a rechuté jusqu’à 1,2162 dollar, son plus bas niveau depuis le 17 avril 2006. Ce décrochage est intervenu à l’annonce que le régulateur allemand des marchés financiers s’apprête à interdire certaines ventes à découvert –technique de spéculation à la baisse–, notamment sur des emprunts d’Etat de la zone euro.

Certaines ventes à découvert sont dites sans contrepartie en actions (“naked”) — et c’est précisément celles que vise l’interdiction imminente en Allemagne.

Cette mesure “ne semble pas prête, et pas vraiment aboutie, et cela instille le doute quant à la crédibilité des pouvoirs publics européens”, a jugé Win Thin, de Brown Brothers Harriman.

En outre, “si les Européens essayent de supprimer des véhicules d’investissement légitimes, les investisseurs qui sont négatifs sur la Grèce ou le Portugal disposent de peu de moyens pour réagir, le principal étant tout simplement de vendre des euros”, a-t-il ajouté.

La monnaie européenne avait bénéficié en début de journée du versement de la première tranche des prêts européens promis à la Grèce, d’un montant de 14,5 milliards d’euros. L’opération permet à Athènes de rembourser un prêt obligataire de neuf milliards d’euros, qui arrive à échéance mercredi.

“La confiance du marché (envers l’euro) est très fragile”, a commenté Vassili Serebriakov, de la banque Wells Fargo.

“Il y a probablement 100 raisons de vendre l’euro en ce moment: la question de la crédibilité de la Banque centrale européenne, les inquiétudes pour la croissance, le manque de message clair délivré par les différents hommes politiques en zone euro”, a énuméré l’analyste. “La seule raison d’acheter, c’est que le marché détient déjà d’importantes positions à la baisse sur la devise”.

“La tendance sur l’euro reste fondamentalement à la baisse”, ont estimé les analystes de Standard Chartered. “La croissance aux Etats-Unis surpasse (celle de l’Europe, ndlr) et la zone euro se trouve dans un imbroglio politique”.

“Et s’il y a des signes d’une sortie de la récession dans les pays du nord de l’Europe, aidée en partie par l’affaiblissement de l’euro (qui rend plus compétitives les exportations de ses membres, ndlr), l’activité économique des pays du sud de l’Europe reste très faible et devrait encore s’affaiblir du fait” des mesures d’austérité qu’ils doivent mettre en place, ont-ils poursuivi.

Signe des inquiétudes des investisseurs, le baromètre Zew, indice de confiance des milieux financiers sur la conjoncture allemande, a reculé plus que prévu en mai pour s’établir à 45,8 points contre 53 points le mois dernier.

Vers 21H00 GMT, la livre britannique montait face à la monnaie européenne, à 85,12 pence pour un euro, mais baissait face au billet vert à 1,4335 dollar.

La monnaie helvétique progressait face à l’euro, à 1,4002 franc suisse pour un euro, mais baissait face au dollar à 1,1470 franc suisse.

La monnaie chinoise a terminé à 6,8274 yuans pour un dollar contre 6,8277 yuans la veille.