Tunisie : Transit, « il est temps de moraliser la profession, y mettre de l’ordre et marginaliser les intrus »

«Le secteur du transit est vital, les gros chargeurs dans le monde gèrent leur
logistique avec leurs transitaires». C’est Anis Amri, transitaire et DG d’Atvyl,
qui s’exprime ainsi. Depuis sa création en 2000, Atvyl a multiplié son chiffre
d’affaires par 11 avec une moyenne de croissance de 16 à 20% par an.

Le rôle du transitaire, il est vrai, revêt un intérêt certain car il est au
centre de plusieurs activités : administratives, juridiques,
logistiques et
commerciales.

transit-65-art.jpgCeci ne l’empêche pas d’être fréquemment mal jugé, des fois par
l’Administration, d’autres par les entreprises clientes elles-mêmes. «Nous
sommes très souvent confondus avec les commissionnaires en douane qui jouent le
rôle d’intermédiaires entre le chargeur exportateur ou importateur pour assurer
l’opération du transport; cette confusion nous est nuisible car ce que nous
faisons, nous, comme travail est beaucoup plus sophistiqué que cela», assure le
directeur général d’Atvyl.

Recourir à un transitaire est assurément rentable pour une entreprise
industrielle ou opérant dans le commerce international. «Nous négocions avec
plusieurs vis-à-vis pour comprimer les coûts, nous réservons les places pour le
transport des marchandises, nous nous chargeons de toute la logistique, offrons
une solution personnalisée selon les produits, et soulageons les clients de la
tâche ingrate de l’organisation de toutes les opérations d’export et d’import,
c’est comme ça que nous gagnons notre vie et c’est bien mérité, j’estime».

Car pour ce jeune dirigeant, la mission de transit représente une pièce
maîtresse qui contribue à donner de la valeur ajoutée aux marchandises
transportées rien qu’en répondant aux conditions de qualité et de ponctualité.
«C’est parce que nous sommes à l’écoute de nos clients que nous réussissons»,
précise-t-il parlant de son entreprise.

Même si la réglementation du secteur «flexible» donne l’impression que notre
pays est en décalage de 1 à 2 ans par rapport à l’Europe alors qu’elle devrait
constamment évoluer pour accompagner le développement du secteur du commerce
international. «Il est temps d’accorder autant d’importance aux importations
qu’aux exportations et d’en simplifier autant les formalités et les procédures,
tout comme il est nécessaire de réussir les opérations de dédouanement en temps
réel, car en fin de compte plus que les entreprises elles-mêmes et en cas de
perte d’argent et de temps, c’est le consommateur final qui paiera les pots
cassés».

Pour Anis Amri, il existe un problème de fond appelé formation de base en
direction des agents travaillant dans les bureaux de douane : «Est-ce que nos
agents reçoivent des sessions de formation et de recyclage pour être au fait de
tous les développements réglementaires et technologiques ? Parfois, il y a des
problèmes même au niveau de la transmission des documents, ce qui est une
opération banale; d’autre part, il est impératif que des relations de confiance
soient établies entre les douaniers et les transitaires».

A Atvyl, on veut bien être à la page et aujourd’hui, la société s’est munie des
moyens technologiques qui lui permettent de contrôler tous les documents,
formulaires et papiers indispensables aux formalités inhérentes au transport de
marchandises : douanes, documents d’expédition et différentes attestations, de
les scanner et de photographier les marchandises en cas de besoin. En somme,
elle est bien équipée pour assurer le suivi des marchandises, leurs itinéraires
ainsi que la traçabilité. On y procède à la gestion automatisée des stocks, ce
qui est plus rentable pour les gros clients.

Les rapports entre opérateurs dans le secteur du transit ne sont pas le meilleur
exemple d’une coexistence pacifique et en bonne intelligence : «Il y a une
guerre des prix et on donne l’impression de s’entretuer car il n’y a pas
d’accord sur une grille de tarifs qui préserve nos intérêts et ceux des clients,
c’est réellement la “gabegie” sur le terrain. Il est temps de mettre en place un
code déontologique pour moraliser la profession, y mettre de l’ordre et
marginaliser les intrus».

Pour Anis Amri, il est également important d’encourager la spécialisation et
légiférer pour déterminer qui doit faire quoi pour éviter toute confusion. «Le
problème est que nous n’avons pas la culture de la qualité, ceci étant plus que
des prix abordables, les clients exigent une qualité de service irréprochable
car ils jouent gros et ils ont besoin de compter sur leur transitaire».

Les activités d’Atvyl sont plus axées sur l’export que l’import et depuis sa
création, cette jeune entreprise s’est bien positionnée sur le marché grâce à
son savoir-faire et son professionnalisme. Elle est bien réputée en Europe et
travaille avec des entreprises qui opèrent dans des secteurs porteurs tels les
équipements médicaux ou l’habillement de luxe.